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Peinture - Arts

  • Arbres... À fleur de sève...

        

    Travailler et travailler encore.

        Il y a toujours à découvrir...

        Ces petits dessins, dont les originaux ne sont guère plus grands qu'un timbre poste, furent réalisés il a une trentaine d'années. Au cours de ces trois derniers mois, je les ai extraits de leur enveloppe dans laquelle ils dormaient depuis deux décennies pour leur redonner une nouvelle vie.

     

        Ils avaient été les esquisses d'une plaquette "À fleur de sève", que j'avais réalisée à compte d'auteur en 1992, mais aussi de quelques toiles, (malheureusement volées par une galériste indélicate lors de mon exposition à Rouen en 1999).

     

        J'ai toujours été attiré par les arbres,  par ces troncs et ces ramures, intrigué devrais-je plutôt dire ; On se plait à les voir comme des traits d'union entre le ciel et la terre. C'est vrai, mais ils sont tous si différents, même au sein d'une même famille. Un érable ne ressemble pas à un autre érable, ni un chêne à un autre chêne : question de terres et de lieux, question de vent aussi...

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     Je les aime dans la richesse de leurs diversités et la lumière de toutes les saisons.

     

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              Arbre au jardin - 1996 - craie noire et blanche sur carton  0,15 x 0,45

     

    Où fut l'arbre

    Je suis le chemin

     

    Où bruissent les feuilles

    Je suis le silence

     

    Où dorment les racines

    Mes yeux sont ouverts

     

    Je médite

    Entre songe et veille

    L'arcane des saisons.

     

    Arbres, soyez        Textes de Anne GOYEN

     

     

        Les poètes n'ont pas manqué de rendre hommage à ces arbres, que ce soit en vers ou en prose... et là, je pense à Hugo, à Rimbaud, à Prévert (Arbres), à Malrieu, à Jaccottet (La Semaison) et à tant d'autres...

       

        Dernièrement, j'ai découvert un petit livre de Anne Goyen aux éditions Ad solem, au titre évocateur : "Arbres, soyez".

        En quatrième de couverture, on peut lire : "Comme un poème vertical, les arbres nous apprennent à "vivre debout" dans la patience du temps. Du plus haut au plus profond, l'arbre est comme l'intime échelle de Jacob où la danse des anges relie en songe Terre et Ciel."

       

        Je me suis appuyé sur certains de ses textes et d'autres de Philippe Jaccottet, comme on s'appuie contre un tronc noueux et solide, pour essayer de mettre en résonnance la beauté des mots de ces poèmes et mon attention intérieure à la vie des saisons, chercher à faire jaillir du nouveau de l'ancien, et vivre un moment privilégié de re-création. 

     

    DSC02935.JPG                                                 Printemps,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    De cime en cime

    Chants d'oiseaux

    Bruissements de feuilles

     

    Pérenne louange

    À la lumière

    Dessous l'écorce

     

    Feuilles d'allégresse

    À l'orée du jour

    Chuchotent sous la brise

    Les simples secrets du ciel.

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

    Au-dessus du paysage familier, presque su par cœur, cet espace soudain inconnu, ce ciel du Greco. Il ne s'agit pourtant que de quelques vapeurs au-delà desquelles toute la géométrie orfévrée est intacte, de nœuds noués par des vents, du souffle agité des forêts et de la terre au printemps, de torchons humides.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1954-1967 - mars.

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                                                                                                                            Été,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Racinant loin

    Par les pieds

    Dans notre histoire ténébreuse

     

    Et par la tête

    Nous risquant

    Au delà des nuages

     

    Vers un monde invisible

    Et qui nous touche

    de toutes parts

     

    Nous habitons

    L'ombre d'un cœur

    Qui bat jusqu'aux étoiles.

     

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

    Et, bien que cette floraison ne fut guère plus durable que les autres, elle ne donnait au regard, au cœur, nulle impression de fragilité, de fugacité. Sous ces branches-là, dans cette ombre, il n'y avait pas de place pour la mélancolie.

    Philippe Jaccottet. Blason vert et blanc.

     

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    DSC02930.JPG                                                                                                                                     Automne,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Au carrefour

    Du ciel et de la terre

    Toi l'immobile

    Accueilles tous les vents

    Lointaines voix

    En ta voix solitaire

    Berceau bercé

    De tant de vagues

    Sommeil venu

    De tant de larmes

     

    Par delà jours et saisons

    Ramures

    Jusqu'où résonner

    De vives voix ?

     

    Le vent vous défeuille

    Qu'importe

    À l'abri des racines

    Bat votre cœur de terre.

     

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

     

     

    Les feuilles éparses dans le chant labouré, dans la terre labourée, en liasses qu'éparpille le vent du sud.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1980-1994 - novembre.

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                                                                                                                        Hiver,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Au bout de l'hiver

    L'arbre sans nom

    Nous regarde

    Tout hérissé

    de bourgeons

     

    Entre ses branches

    Le ciel bleuit

    Grand poisson lumineux

    A demi délivré

    De la nasse

     

    L'air s'aiguise

    Et luit

    Cristal maclé

    De l'aube

    L'arbre sans nom

    Nous regarde

    Hérissé de bourgeons.

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

     

     

    Neige. La neige d'ici, qui vole et ne se pose pas, qui semblerait plutôt monter. Qui rend l'enfance. Heureuse. Pareille aux vols des moucherons en été, qui cèdent au vent. Nuages.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1968-1979 - octobre.

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  • Le carton à l'honneur !

    Une histoire de carton.

    Le succès de l'exposition qui a eu lieu dans notre appartement, lors du dernier "Printemps des Arts du XVème", méritait que ma découverte du travail du carton se poursuive au-delà de ce temps fort...

         Une histoire de carton. Si vous saviez que le plus dur dans l'affaire, reste à trouver la matière adéquate sur les trottoirs parisiens, qui pourtant n'en manque pas. Il faut voir ce que les gens, les magasins jettent tous les soirs. Si ma recherche est difficile, c'est que je veux que des cartons propres (attention aux chiens)... en double cannelure, non imprimé sur leur face lisse et enfin, d'une taille suffisante ! De plus, cette collecte ne peut se faire les jours de pluie !

       Ces paramètres nombreux limitent ma recherche. Heureusement, on finit par trouver... Seulement il faut être réactif, et la traversée de Paris, à pied, (je parle d'expériences, le bus et le métro vous étant interdits), relève souvent de l'impossible avec des feuilles de cartons de plus deux mètres.

    Les piétons s'étonnent, s'imaginent que vous souhaitiez vous construire un abri pour la nuit prochaine... proposent même de vous aider... Les intentions ne manquent pas.

    L'aventure commence donc dans la rue, mais s'achèvera heureusement sur les cimaises !

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  • En rev'nant de l'expo... Le printemps des arts 2019

    Printemps des arts sur le 15 ème arrondissement.

         Un beau week-end ensoleillé ce samedi 30 et ce dimanche 31 mars !

        Les artistes de l'arrondissement étaient à la fête et osaient faire profiter les passants d'une visite de leurs ateliers ! 

         Comme en 2015, nous avions choisi d'ouvrir le nôtre, ou plutôt de transformer l'appartement en "galerie" avec les derniers travaux, belle occasion de ressortir des placards quelques oeuvres qui ont pris l'habitude d'y dormir faute de place sur les murs...

     

    Lors d'une précédente exposition : un oubli récompensé

         En septembre 2011, j'avais déjà souhaité participer à cette manifestation annuelle de notre arrondissement, mais mon inscription resta dans la poche d'un appariteur étourdi auquel je l'avais remise.

        Pour se faire pardonner, l'adjointe chargée de la Culture me rendit visite en soirée accompagnée de Monsieur le Maire, qui tomba en admiration devant la toile "Variation Dominique 20", peinte quelques années auparavant. (Cette toile est une transcription picturale de la variation 20 des Variations Goldberg de Bach, dont l'écoute vous est proposée ci-dessous.) Il voulait absolument cette toile pour l'escalier d'honneur de la mairie, lui trouvant des vertus apaisantes au sortir de "conseils municipaux houleux"...(sic). En avril 2012, La toile fut hissée dans les hauteurs de l'escalier monumental.

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    Les aléas de l'administration sont tels qu'il aura, quand même, fallu attendre cinq ans pour qu'un petit cartel soit apposé avec le titre et le nom de l'auteur. La patience aura enfin été récompensée !

     

         Cette toile est accrochée depuis... à côté des sculptures d'Antoine Bourdelle, excusez du peu !... J'espère qu'au fil des ans elle aura rempli son rôle thérapeutique auprès de notre maire et qu'elle lui survivra lors des prochaines élections municipales...

     

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    podcastVariations Goldberg 20 - Jean Sébastien Bach  Gustav Leonhardt  - clavecin

     

    Des rencontres amicales !

         Samedi comme dimanche, ce ne fut pas la foule ! Le beau temps permettait pourtant des sorties culturelles et artistiques ! Je pense que les bords de Seine avec leurs arbres en fleurs eurent plus de visites que nos ateliers !

         Les rares qui se présentèrent eurent donc droit à une visite commentée et personnalisé et parmi eux, les plus nombreux furent ceux et celles de l'immeuble. (Nous avons la chance de vivre dans une copropriété sympathique où le relationnel est très convivial.) Pour les uns, ce fut une découverte ; pour d'autres, l'envie de voir les nouveautés de l'année, et je crois que personne ne fut déçu à entendre leurs commentaires. Quelques uns se sont même risqués à l'achat d'une pièce...

         Certains d'entre vous m'ont demandé de leur faire une petite visite virtuelle, agrandissons le cercle à ceux et celles de l'au-delà des mers et des campagnes de France, ceux et celles qui ont eu un empêchement de dernière minute ou, tout simplement, que j'ai oublié de prévenir... et pourtant que je n'oublie pas le reste de l'année.

     

         Entre l'entrée, la cuisine et le salon, j'avais donc réuni sur les cimaises plusieurs périodes, parce que les trois dernières oeuvres de ces derniers mois ne suffisaient pas à remplir les murs !

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    De l'ancien.

          On retrouvait six originaux qui me restaient des Variations Dominique, transcription picturale des Variations Goldberg de Bach. Encres de Chine sur Vélin. Les autres ayant été vendues au cours de ces dernières années. (Dont le fameux agrandissement à l'acrylique pour M. le Maire !)

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          "Les variations", parce que "la variation" est une constante dans mon travail. Comment un seul tableau pourrait-il épuiser toute la veine créatrice, et donc sur ce thème il y avait les fameuses toiles du jardin et de l'arbre.

         Ce jardin clos de mur dans lequel on pénètre par une petite porte et cet arbre, qui vous attend au fond (ici en haut) dans sa solitude d'accueil des saisons.

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          Ces peintures acryliques font plus de deux mètres de haut. Je compense la monumentalité par une largeur étroite afin que le tableau ne prenne pas trop de place, mais toute sa place (!) dans la maison qui l'accueille.

     

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        A2.jpga3.jpgA1.jpg Décliné aussi sous forme de petits dessin d'une trentaine de centimètres de haut, on retrouve ce même jardin dans une série de variations. Le loisir de jouer à l'infini sur la texture du trait, les effets de matière, avec seulement le noir et blanc du crayon gras. Ces travaux ont une vingtaine d'années, mais ils continuent de m'accompagner comme des références parmi les centaines d'esquisses qui finissent généralement à la poubelle...

     

     

     

     

         La période couleur est plus récente, elle date d'une bonne dizaine d'années. Elle a commencé avec les cinquante psaumes illustrés pour les Éditions Socéval (cf. Un autre article de ce blog.)

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        Elle se prolonge plus récemment avec les maisons rouges. Souvenirs de notre voyage au Danemark en 2010 et des béguinages à Bruges en Belgique. Tous ces dessins, d'assez grande taille, sont réalisés aux crayons de couleur, 'comme dessinent les enfants'. Je mêle une part d'imaginaire à ces souvenirs de campagne et de maisons.

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    dii.jpgDemeures aux moissons II a.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Et du neuf !

         Enfin, au nombre de trois, les travaux de ces derniers mois terminés presque à la veille de cette expo, sont les découpages sur carton. Ce sont eux qui ont le plus retenu l'attention des visiteurs, tant par leur taille que leur originalité, mais aussi par le fourmillement des motifs et détails.

    La forêt vierge

         Le carton est une matière plus complexe que l'on pense et dont on ignore souvent les qualités intrinsèques (son épaisseur, sa solidité, sachant que le recto et le verso ont de textures différentes en raison des cannelures intérieures... ) Impossible à trouver en feuilles en magasin d'art (Graphigro...), je me contente de le récupérer tout simplement sur les trottoirs de Paris au gré de nos promenades et ce, plutôt le soir avant que le service des poubelles ne soit passé.

     

        DSC06538.JPGLe premier, sur le thème de la forêt vierge, puise ses sources dans un travail d'illustrations de poèmes réalisées il y a plus de vingt-cinq ans... C'étaient de petits dessins grands comme des timbres postes à l'Encre de Chine. Je pensais toujours qu'il y avait là matière à faire "autre chose". Je me devais d'aller plus loin.

     

    Alors, pourquoi le carton ? J'avais fait des essais sur carton avec une recherche sur l'écriture cunéiforme que je trouve très intéressante sur le plan graphique, mais ces premières entailles ne m'apportaient pas entière satisfaction. Je retrouvais alors des petits dessins (5 cm x 5 cm), réalisés il y a plus de 25 ans pour l'illustration d'un texte sur la forêt vierge...

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    J'en choisis donc une dizaine parmi les vingt originaux encore en ma possession et j'essayais de les traiter dans un format unique de 50 cm sur 50 cm. Découpés au scalpel, ma technique s'affinait au fil des jours. Initialement, non prévu pour être réuni, ce n'est qu'après en avoir ouvragé une dizaine que cet ensemble s'imposa comme un tout au regard de l'unité que prenait les motifs. Il restait alors à trouver un équilibre entre les différentes masses, les pleins et les vides, à la rigueur une unité de motifs.

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                                                                     La forêt vierge (en contre-jour), format 1,50 cm x 1,50 cm

    Feuillage

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    Feuillage en cours de découpe et réalisé, format 0,50 cm x 0,50 cm

     

     

    Le néflier  

    Nouveau cadre. Le néflier de notre copropriété devient le motif de la dernière création.

    Le néflier de la copropriété se découpe en ombre chinoise sur les murs du patio.DSC05951a.jpg

    Aucun dessin préparatoire. C'est impossible. Juste une vague idée. On verra en cours de route à rétablir la barre si besoin est.

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                                                           Le néflier  (en contre-jour), format 1,20 cm x 1,60 cm

    Les feuilles très nervurées de cet arbre se partagent la partie haute. Une végétation extrêmement luxuriante envahit la partie inférieure.AA.jpg

         

     

    Avancer sans filet dans l'inconnu et dans la découpe sur ces carrés de 40 cm sur 40 cm procure des découvertes étonnantes.

       Lorsque l'on s'approche de près on découvre les merveilles de la nature :

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    détails...

    Je ne peux passer sous silence, les petits travaux qui pimentent le quotidien et décorent facilement nos intérieurs...

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        Bols en papier mâché ou boîte "dodécagonesque" en carton décorée de quelques idéogrammes d'un poème de Lao Tseu...

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    Abat-jour, en papier mâché sur armature, d'après un modèle d'Annebet Philips, célèbre designer hollandaise...

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        Ce dimanche s'achevait dans l'atmosphère d'une belle journée de printemps où l'heure d'été nous offrait une heure de clarté supplémentaire. Les deux prochains week-end verront, à leur tour, d'autres artistes du 15ème ouvrir leurs ateliers. En effet, cet arrondissement est si grand qu'il a été décidé qu'il serait partagé en trois pour cette manifestation culturelle.

        Nous irons donc à leur rencontre...

  • Meilleurs voeux pour 2017 avec la céramique de Johannes Peters

     

    Je souhaite à toutes et à tous une très belle année 2017, riche en rencontres de toutes sortes.

    L'art, la musique, la poésie seront au rendez-vous des partages de cette nouvelle année.

    Je vais essayer d'être un peu plus prolixe que l'année dernière. L'entrée dans le temps de la retraite, en février facilitera ces longs moments d'écriture nécessaires pour offrir des textes qui se tiennent.

    Donc, mes meilleurs voeux à chacun.

    Merci pour votre amitié et votre fidélité et votre lecture.

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  • "CARAMBOLAGES"...

    Un carambolage, ça peut être cela !

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    Mais heureusement, beaucoup d'autres choses... !

     

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  • Jean Pierre PINCEMIN (1944 - 2005)

    Pincemin 1944-2005.jpgJean Pierre PINCEMIN (1944-2005)

    Jean Pierre Pincemin est décédé jeune à la suite d'un accident pulmonaire. Il n'avait que 61 ans. Quelle trajectoire rapide entre le 7 avril 1944 et le 17 mai 2005. Il n'avait guère d'affection particulière pour l'école, sans doute l'aurait-il préférée buissonnière. Sa formation le conduira vers l'industrie mécanique de précision, il sera tourneur. Comme François Dilasser, mais étant d'origine d'origine parisienne, il "sèche" les cours le vendredi pour s'en aller à la découverte du musée du Louvre qu'il fréquentera assidûment 

    Au sortir de l'adolescence, il voulait être critique d'art. Mais c'est la rencontre avec le galeriste Jean Fournier (aucune parenté avec moi!), qui avait une petite maison proche de celle de ses parents qui l'encouragea dans l'idée qu'il pouvait devenir peintre. Pincemin est un peintre autodidacte qui se nourrit de toutes les tendances qui fleurissent dans les années 60.

     (Voir album Photos en marge du Blog)

    Premières expositions à partir de 1968.

    De 1968 à 1973, il se lance dans les "carrés collés" : la toile est plongée dans des bains de teinture, découpée et assemblée en figures géométriques irrégulières, carrées ou rectangulaires.

     

    Il cherche et trouve sa voie par de rigoureuses expérimentations, il ne faut pas oublier que c'est le début du minimalisme aux États-Unis, tandis qu'en France ce sont les prémices du groupe Supports-Surfaces auquel il participera à partir de 1971, mais qu'il quittera pour des raisons politiques. Claude Viallat, Acrylique sur bâche rayée, 2001..jpg

     

     

     

     

     

     

    Claude Viallat, Acrylique sur bâche rayée, 2001.

     

    Ce mouvement affirme la réalité physique du tableau, commencée par Matisse avec ses papiers découpés, poursuivie par la nouvelle abstraction aux Etats-Unis, et en France par Simon Hantaï ou Claude Viallat.

    Simon Hantaï Tabulas 1972.jpg                                           Simon Hantaï Tabulas 1972

    A la fin des années 1990, Pincemin avait décidé de "tout balayer et tout assimiler", mélangeant de plus en plus les genres, les styles, les supports, les techniques. Il a exécuté des sculptures polychromes à l'aide de morceaux de bois peint,

    Il s'était également mis à peindre des sujets religieux, des scènes de genre et des portraits, car il aimait travailler par série pour pousser au plus loin les variations possibles sur un même thème. Il n'hésitait pas à revenir sur des séries après quelques années.

     

    Il a gardé l’esprit d’une ouverture à de nouveaux possibles de la peinture, l’esprit d’invention toujours en alerte. Il était devenu le spécialiste le plus aventureux des techniques dites mixtes. Pour cet artiste électique, la distinction entre figuratif et non figuratif n'avait ni sens, ni importance.

     







    Je ne peux que vous inviter à aller regarder le film (15') de Claude Mossessian dont voici le lien :

    https://vimeo.com/10520679

    Jean Pierre PINCEMIN

    Un film de Claude Mossessian
    © Claude Mossessian

    Ateliers
    Entretien réalisé par Gilles Tissot
    Eté 1991

    Version restaurée à l'occasion de la rétrospective Jean-Pierre PINCEMIN au Musée d'Art Moderne de Céret du 26 juin au 10 octobre 2010


     



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  • Les Îles Sanguinaires... le film

    Bonjour à tous.
     
    Prenez 6 minutes, guère plus, pour regarder ce film sur les Îles sanguinaires que Jacques Burtin a eu la gentillesse de monter. Imaginez-vous en Corse face à ces îles durant une journée de beau soleil...
     
    Voici le lien pour le visionner.        https://vimeo.com/144876600
     
    CONSEILS pour une lecture optimale du film :
     
    1. Mettre en PLEIN ECRAN en cliquant sur le symbole des quatre petites flèches en bas à droite de l'écran Vimeo;
    2. Le film est en HAUTE DEFINITION. S'il y a des interruptions de son ou d'image, c'est soit que votre ordinateur ne lit pas la haute définition, soit que votre débit Internet est (temporairement ou en permanence) trop faible. Il faut alors ôter l'option "Haute Définition" en cliquant sur les lettres "HD" (à côté des quatre petites flèches). Le film peut alors être vu en définition courante, moins bonne mais acceptable.
     
    Bon film.
    Dominique

  • Claude LAGOUTTE (1935-1990)

         &.jpgNé en 1935, à Rochefort-sur-Mer en Charente -Maritime, Claude Lagoutte est mort en 1990 à Paris. Entre ces deux dates, nous allons à la rencontre d'un artiste voyageur, d'un homme qui aimait marcher, d'un paysagiste infatigable et d'un globe-trotter amoureux de spiritualités.

         Il semble autodidacte. Quelques visites au Louvre, lorsqu'il vient voir sa tante Suzanne à Paris, agrémentent ses séjours dans les années 50.

         En 1953, il peint des paysages charentais, renonce à des études d'architecte et entre à l'Ecole du Service de Santé de la Marine de Bordeaux. Quatre années d'études lui permettent d'obtenir son diplôme de pharmacien.

         En 1958, il découvre les peintres Kandinsky et Klee. Premières peintures abstraites. La même année, il entre à l'Ecole d'Application du Service de Santé des Troupes Coloniales.

         Pendant près de vingt ans, jusqu'en 1977, il va ainsi parcourir le monde. En poste dans différents pays aux quatre coins de la planète... Laos, Afrique, Tunisie, Turquie... etc... etc... Il revient de temps en temps à Paris, où il se pose et peint avant de repartir.

        En 1969, il achète un "studio-atelier" dans le quartier de Montparnasse à Paris.

          En 1970, il se marie à Bordeaux avec Françoise, ils auront trois filles : Marie, Hélène et Louise.

         Au cours de ces séjours à l'étranger, il dessine et réalise ses carnets de voyage (véritables trésors d'observation et de maîtrise). Il engrange peu à peu tout "le matériel" qui lui servira pour ses futurs travaux.38.jpg

         

     

     

         En 1976, date importante, il opère dans son travail une rupture radicale et décisive : il délaisse le châssis du tableau pour une technique nouvelle, celle de papiers et de toiles découpées et cousues. L'année suivante, à 42 ans, il est admis à prendre sa retraite, le voilà désormais "libre de vivre à plein temps sa vocation de peintre".

     

     

     

     

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        Tantôt seul, tantôt accompagné de Françoise, il continue à voyager, loin : au Népal, au Cachemire, en Turquie, en Inde où il fera plusieurs séjours... ou dans des contrées plus proches : les Pyrénées, la Suisse, l'Angleterre...

         Dans les intervalles, il se pose, oserait-on dire, dans son nouvel "atelier-appartement" parisien (Bastille -1979), afin de travailler.Il peint beaucoup, il taille, il découpe et coud des mètres et des mètres de toiles. On est admiratif devant tant de créations. Claude Lagoutte participe à de très nombreuses expositions personnelles et collectives, tant en France qu'à l'étranger.

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         On sent que les dernières années de sa vie le rapproche d'une certaine quête spirituelle (peut-on le penser ?), elle se concrétisera au contact de religieux catholiques (dominicains, en particulier avec le Père Laval, op.), de bénédictins (Abbaye de Saint Wandrille) ou de moines de confession orthodoxe (Voyage à l'Athos en Grèce en 1988).

     

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         La fin approche. Malade, il entre en maison de repos sur le plateau d'Assy et meurt quelque temps après, le 18 juillet 1990, à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, à l'âge de 55 ans.

     

    Pourquoi j'aime particulièrement le travail de Claude Lagoutte ?

    J'ai eu l'occasion de rencontrer le travail de Claude Lagoutte tout à fait fortuitement, il y a cinq ans environ, lors d'une visite de la chapelle du couvent Saint-Jacques des Dominicains de la rue des Tanneries dans le XIIIe arrondissement de Paris. Vers la fin de sa vie, par amitié et en particulier celle qu'il vouait au Père Jacques Laval, Claude Lagoutte avait offert un devant d'autel (réalisé en 1986) que les religieux ont placé dans une chapelle latérale. Les tons, la matière, la texture, l'écriture, tout était réuni pour faire de ce travail un véritable choc pictural et émotionnel.

    Je voulais en savoir plus. N'ayant jamais entendu parler de cet artiste auparavant...

    De fil en aiguille et c'est le cas de le dire avec le travail de Claude Lagoutte, j'ai commencé à chercher sur internet. Les informations étaient particulièrement intéressantes. Mais je voulais passer du virtuel à des éléments plus concrets. J'ai donc acheté quelques livres et recueilli certains articles qui avaient été écrits sur lui, puis acquis les livres qu'il avait lui-même écrits sur ses récits de voyage.

     

    Celui qui m'a donné le plus d'informations est sans conteste le magnifique catalogue qui a été édité lors de l'exposition à Bordeaux en 2008. J'ai malheureusement manqué cette exposition pour laquelle j'aurais sans aucun doute fait le voyage.

    En 2013, une autre exposition sur Claude Lagoutte a lieu à la Galerie Convergences/ Galerie Intuiti dans le IVe arrondissement à Paris. Là encore, je me suis réveillé un peu tard...  Par chance, j'appelle cette galerie qui accepte un rendez-vous dans la semaine qui suit, puisque certaines œuvres étaient encore accrochées aux cimaises de la galerie. Il est toujours difficile de rendre compte d'une émotion que l'on a, lorsque l'on est en contact direct avec le tableau. On regarde et on se laisse imprégner par ce que l'on voit. Tout simplement. Nous avons été admirablement accueillis à tel point que, devant notre intérêt, le propriétaire de la galerie n'a pas hésité à nous emmener dans ses réserves et a ouvert un certain nombre de caisses dans lesquelles les œuvres étaient déjà entreposées pour un prochain voyage. Souvenir inoubliable. Il y a des moments de grâce dans la vie...

     

    Il y a deux mois, j'ai évoqué le travail de Julius Bissier. Cette peinture minutieuse, attentive, faite de transparence et d'un raffinement extrême. On retrouve chez Claude Lagoutte les mêmes qualités. Autre point commun : les toiles de Bissier avaient cette particularité d'être peintes à plat sur sa table, c'est à dire sans châssis et hors du chevalet. Ici, avec Claude Lagoutte, on va encore plus loin puisque la toile elle-même est découpée, puis recousue. A ce stade, on est proche de ces artistes du mouvement Supports/Surfaces. qui ont délaissé le châssis. Ils prennent à bras le corps la toile... (On en reparlera avec Pincemin le mois prochain.)

    Il y a aussi, je trouve, dans le travail de Claude Lagoutte une certaine spiritualité. Cette spiritualité ne l'écarte pas bien sûr d'une prise réelle sur la réalité. Elle ne désincarne pas son travail, bien au contraire. Je ne pense pas d'ailleurs que chez lui il mettait Dieu au centre. Vers la fin de sa vie, il aura une autre relation avec Lui. Ne lit-on pas dans un de ses écrits : « La perfection géométrique était le chemin de Dieu. Dans notre civilisation, la géométrie n'est plus l'image de Dieu. Est-ce le geste ? ». Claude Lagoutte, lui, participe à ce geste. Il est dans le geste qui fabrique sa toile.

    Autres œuvres : Comment ne pas être sensible à ces immenses rouleaux peints, travaillés jusque dans leurs fibres, cousus avec une patience infinie qui se déroulent sur des mètres et des mètres, qui finissent par ressembler aux manuscrits que les moines transportaient de monastères en abbayes et qui au fur et à mesure du voyage s'allongeaient suite aux informations ou aux recommandations que l'on ajoutaient. Ils cousaient les peaux les unes après les autres...

    Enfin, quel dessinateur ! Il n'avait pas besoin d'emporter un appareil de photos pour mitrailler à outrance ce qu'il voyait. De ses nombreux voyages il a rapporté des carnets de croquis qui sont absolument sublimes. Quel invitation à faire de même.

     

    Sa peinture est une écriture et c'est certainement cela, qui inconsciemment me marque le plus. « L'art est une relation flottante entre le signe et le sens. » « Dessiner l'écrit et écrire le dessin ». Ce sont chez lui des idées fortes qu'il a mises en action toute sa vie.

  • François DILASSER (1926-2012)

    François DILASSER (1926 – 2012)

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    C'est en 1926, à Lesneven en Bretagne, que naît François Dilasser. Comme le père de Jean Dubuffet, le père de François travaille aussi dans le milieu du négoce de vin.

    Jusqu'à l'âge de quarante ans, il exercera différentes professions... Mais il n'oublie pas que dès son plus jeune âge le dessin, l'attrait des couleurs sont pour lui comme une seconde nature. Il aimait recopier des illustrations qu'elles soient de l'Écriture Sainte ou des images de tableaux de peintres célèbres. Quelques cours auprès d'un peintre local, mais sans suite...

    Il faut bien faire vivre la petite famille. Mais pour lui, peindre ou dessiner n'est pas un loisir, mais une quête personnelle profonde qui l'occupait tous ses temps libres. François Dilasser est un autodidacte, et c'est dans ces heures arrachées au travail professionnel qu'il progresse et cherche son chemin... La peinture est en quelque sorte un refuge et l'aide à surmonter de douloureuses épreuves comme le décès de sa première épouse.

    En 1943, il découvre une reproduction du Cheval blanc de Gauguin. Coup de foudre pour les couleurs, la mise en page... Un vraie révélation...

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                                                          Le cheval Blanc - Gauguin

    En 1958, nouvelle révélation avec la peinture de Bissière (1886-1964). Une sincère et discrète amitié s'établira au fil des années. Il abandonne les pinceaux quelque temps pour un travail de toiles qu'il découpe directement dans la couleur, puis les assemble. Souvenir de Matisse. Il voue une réelle admiration pour l'École de Paris, Manessier, Le Moal, Tal Coat... Il se cherche et le retour aux pinceaux ne tarde pas.

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    En 1966, il sent qu'un changement radical de vie doit s'effectuer. Ses heures à l'atelier se feront de plus en plus nombreuses. La peinture s'impose à lui et il n'y aura, dès lors, plus de retour en arrière sinon ce seul sentiment :

    « J’ai parfois le sentiment qu’en peignant je cherche à retrouver ma propre naissance, à retrouver l’origine ».1

     

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                                   Les pélerins - 1990

     

     

    François Dilasser travaille par cycles, par séries. Cent fois, il remet en chantier ce qu'il a peint la veille. Les photos des murs de l'atelier en sont le témoignage. Il y aura ainsi les jardins, les veilleurs (1991), les mains (au cours de l'été 1997), les têtes (1998 reprises des années 1971), les arbres (1999, série déjà apparue en 1993), les comètes...

    De nombreuses expositions jalonnent ces années. Elles ont surtout eu lieu à Paris et en Bretagne.

    « Je me peins moi-même, c’est ce qui me fait vivre »

     

    Comme on peut le voir, il est des peintres dont la biographie ne se laisse tracer que par quelques dates qui jalonnent une vie modeste mais, ô combien, attachante. Celle de François Dilasser appartient à celles-ci.

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    Sans Titre - Déc. 1986

     

    Les éditions Le Temps qu'il fait ont publié quelques livres illustrés par François Dilasser, dialogue texte/images avec des amis, comme Jean Pierre Abraham (Lettre à François Dilasser) ou Paul Louis Rossi (Inscapes). D'autres, plus intimes, avec Antoinette Dilasser : D. et Journal hors temps. Entre autres...

    François Dilasser s'est éteint en 2012, après une longue maladie. La Passe, journal écrit par Antoinette Dilasser évoque admirablement les dernières mois vécus auprès de son mari.

     

    Ouvrages sur François Dilasser :

    DILASSER. René le Bihan Éditions Palantines. 210 pages.

     

    DILASSER. Jean-Marc Huitorel. L' État des Lieux / Galerie Clivages. 86 pages

     

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  • Julius BISSIER (1893 - 1965)

         Cette biographie s'inspire des extraits du Journal de Julius Bissier et d'ouvrages consacrés à l'artiste, en particulier ceux de Werner Schmalenbach, André Kuenzi et Marie-France Poiret.

     

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        C'est en 1893, dans une petite ville de Haute Rhénanie, Fribourg-en-Brisgau, que naît Julius Bissier. Ses parents sont d'origine modeste. Malheureusement, son père meurt alors qu'il n'a que 14 ans.

        Il poursuit ses études au gymnase de Fribourg-en-Brisgau. À l'Université de cette ville il entreprend des études d'histoire de l'art qui seront assez brèves avant de s'inscrire à l'École des Beaux-Arts de Karlsruhe. Nous sommes alors dans les années 1913-1914, juste avant que n'éclate la guerre de 1914.

        Déclaré inapte au service, Bissier est versé au service du bureau de censure, où il restera jusqu'en 1917. Ces premières peintures datent de cette époque. Il en détruira un certain nombre estimant qu'elles ne méritaient pas d'être gardées. Il s'agissait principalement de paysages et de sujets religieux...

       1919 est une année importante dans sa vie, puisqu'il verra, chez un commerçant de Fribourg-en-Brisgau, ses premières œuvres exposées en vitrine et appréciées des passants. Par ailleurs, il fait la connaissance de Ernst Grosse qui est sinologue. C'est lui qui l'initiera à la pensée et aux arts de l'Extrême-Orient. Cette rencontre est vraiment capitale. Cette amitié durera jusqu'en 1927, année de la mort du sinologue.

        1920, première exposition personnelle à Fribourg-en-Brisgau : beau et franc succès. Il se marie en 1922 avec Lisbeth Hofschneider, rencontrée deux ans plus tôt. Il a 29 ans.

        L'année 1923 voit sa participation à une exposition au Kunsthaus de Zurich où il présente seize toiles. Toiles qu'il va détruire à la hache (!) à leur retour. En effet Julius Bissier est en proie à une première et profonde dépression. (Des angoisses et des peurs qui le poursuivront sa vie durant...) Il s'éloigne désormais des paysages et des sujets religieux pour rejoindre un monde « plus intérieur ». Il veut faire une peinture qui lui ressemble davantage, car il a l'impression d'être dans une impasse.

        Naissance sa fille Dorothée en 1926 et de son fils en 1928.

       En 1929, il découvre les premières peintures de Picasso, Klee, Léger... Le monde de l'abstraction vient à lui par l'intermédiaire du peintre Baumeister. Jusqu'en 1933 il enseigne à l'Université de Fribourg-en-Brisgau.

    Rencontre essentielle à Paris avec Constantin Brancusi en 1930. Il prend la décision d'arrêter la peinture pour se consacrer exclusivement à des encres de Chine abstraites dont le développement se poursuivra jusqu'à sa mort.

        Encore une rencontre importante, celle du peintre Osckar Schlemmer. Une profonde affinité unira ses deux artistes jusqu'à la mort de ce dernier en 1943. Important échange de lettres.

        Deux événements terribles assombrissent cette année 1934, le premier, celui de la mort de son fils qui va périr dans l'incendie de l'atelier de Julius, incendie qui verra aussi disparaître presque toute son œuvre... Le second est la montée du nazisme. Il est alors considéré comme faisant partie de ces peintres dits de « l'art dégénéré »... Il n'a plus d'atelier pour travailler, il se sent traqué, il vit replié sur lui-même. Il passe des heures à jouer au violoncelle et ses nuits à tenter de peindre. Heureusement, l'atelier de tissage de sa femme leur permet de vivre et il assure la comptabilité de la petite entreprise familiale.

        Entre 1935 et 1938, plusieurs voyages le conduisent en Italie.

    En 1937, il fait la connaissance de l'œuvre du mythologue Johann Jakob Bachofen. Ce spécialiste de l'Antiquité et de sa symbolique funéraire offrira à Julius Bissier un véritable réservoir de signes symboliques qui enrichiront ses propres tableaux.

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        Mais la guerre est là, nous sommes en 1939. Malgré un déménagement à Hagnau sur les bords du lac de Constance, ses peurs reviennent. En 1943, il abandonne presque complètement la peinture. En 1945, les troupes françaises envahissent Hagnau et prennent logement chez lui...

     

        Heureusement les vingt prochaines années du peintre sembleront plus calmes. Cela commencera par une coopération familiale autour du tissage. En 1947, Dorothée, sa fille, tisse un tapis de plumes d'après des figures symboliques créées par son père. Puis Julius acceptera (entre 1949 et 1952) que sa femme tisse, à son tour, des projets de ses œuvres, mais à un seul exemplaire !

        Il pressent aussi la réapparition de la couleur dans son œuvre. De nombreuses expositions viendront scander le rythme de ces années.

        En 1956, il a 65 ans. Voici « l'œuvre ultime » de Julius Bissier, celle qui nous est la plus familière, faite de miniatures et d'aquarelles.

    C'est une œuvre qui s'inscrit dans une quête spirituelle, voire « métaphysique ».

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    Il séjourne à Ascona, petite ville de pêcheurs sur les bords du Lac Majeur. Il éprouve une certaine attirance pour ce lieu et finira par s'y établir en 1961. Une petite pièce de six mètres carrés lui sert d'atelier. Il retrouve là une certaine sérénité, rejoue de son violoncelle qu'il avait délaissé depuis la guerre. Les plus belles œuvres seront réalisées dans ce climat de paix.

        Les amitiés des dernières années sont nombreuses, tant avec Jean Arp, Mark Tobey.

        À partir de 1961, l'œuvre de Julius Bissier passe les frontières et se fait connaître d'un plus large public par de très nombreuses expositions internationales, qu'elles soient personnelles ou collectives.

       Il meurt le 18 juin 1965 à Ascona.

     

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    A la rencontre d'une oeuvre...

    Préambule.

        Je n'ai jamais rencontré Julius Bissier. Mais peut-être nous sommes-nous croisés dans les ruelles d'Ascona ou de Ronco, villages des bord du lac Majeur dans le Tessin ? C'était malheureusement sans le savoir... En effet, entre 1963 et 1965, nous passions nos vacances en famille dans le Tessin et plus précisément à Ascona. Julius Bissier, lui, y venait régulièrement depuis 1961 avant d'y habiter définitivement en 1965. Mais je pense que j'aurais été un peu jeune pour apprécier sa peinture, car à cette époque je n'avais qu'une petite dizaine d'années...

     

     

    Pourquoi la peinture de Julius Bissier est-elle pour moi un réel enchantement ?

        J'ai découvert son œuvre assez tardivement (pur hasard ?) : C'était en 1993, lors de l'exposition montée par la Galerie Claude Bernard, rue des Beaux-Arts à Paris. J'ai pu alors me rendre à Paris pour admirer l'ensemble des travaux présentés, mais surtout en garder un souvenir mémorable en achetant quelques catalogues. Les calligraphies à l'encre de Chine ont été surtout une véritable révélation.

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        Pendant plusieurs années, j'ai aussi travaillé cette forme d'expression qui met en relation la feuille de papier, le pinceau et la main.

     

     

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    "Les clefs du Réel"   (extraits)  poème de Jean Malrieu

    Illustration D. Fournier. 1990   16 x 16 cm

     

    "Demande aux arbres s'ils connaissent sa présence.
         Depuis qu'ils vivent sur les routes, leur mémoire est grande 
    et dans l'aubier, 
    faite au couteau, dort la vieille cicatrice 
        qui rend plus vif le feuillage et plus vert le chant de l'oiseau."
                                                                        (...)

     

     

    Voici deux ou trois exemples... l'illustration du recueil « Les clefs du Réel » de Jean Malrieu,

     

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    "Les clefs du Réel"(extraits) poème de Jean Malrieu

    Illustration D. Fournier. 1990   8 x 16 cm

     

    "Un jour,
    Tu comprendras le geste de la rivière qui t'apporte
        comme un chien couché
    Tous les galets de la montagne."
                                                                       (...)

     

     

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    "Les clefs du Réel" (extraits) poème de Jean Malrieu

    Illustration D. Fournier. 1990   16 x 16 cm

     

    "J'ai gravé mon nom sur le tronc noueux
    et la sève de sa blessure a porté l'appel à la cime.
           C'est pourquoi les feuilles l'ont chanté.
    J'ai des amis dans les nuages, capitaines du charroi des ombres."
                                                                       (...)

     

    mais surtout, point culminant, la réalisation des Variations Dominique, rencontre musico-picturale avec les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach (Cf. dossier photos)

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    Voici une anecdote vécue en lien avec la calligraphie.

        Quand nous sommes allés à Pékin en 1999, un jour de promenade dans l'un des nombreux parcs de la ville, nous avons remarqué un petit attroupement de quelques hommes dans les allées dallées d'un jardin public. Que se passait-il ? Ils parlaient avec véhémence. Nous nous sommes approchés discrètement et là, à notre grande surprise, ils discutaient autour d'un idéogramme dessiné sur une dalle en ciment avec un chiffon mouillé enroulé au bout d'un grand bâton en guise de pinceau. Le maître montrait à l'élève que le vide qu'il avait crée dans la partie inférieure de l'idéogramme n'était pas proportionné avec la partie supérieure. Tout un art. Il fallait arriver à la forme parfaite. Le vide et le plein, le yin et le yang. L'élève redessinait alors le même caractère sur une autre dalle, sous le regard attentif et scrutateur d'autres hommes plus ou moins critiques. Chacun y allait de son avis... Nous sommes restés longtemps à admirer cette leçon d'écriture en plein air.

        Oui, quelle leçon aussi pour nous. Nous ne connaissions pas le nom de cet idéogramme, mais on pressentait clairement ce que voulait le maître, sur l'endroit, où précisément il attirait l'attention de l'élève. Je crois que l'œuvre de Julius Bissier se plaçe dans une attitude identique. Atteindre la perfection, entre le plein et le vide. Le noir et le blanc. Toute sa vie, il a été tendu vers ces sommets de la perfection, les atteignant de temps en temps. C'est alors qu'il signait ses travaux, d'une date et moins de son nom, tel un sceau. Ces dates deviennent dès lors les titres de ses dessins.

     

        On a souvent parlé du travail de Bissier avec une approche monastique, une sorte de « travail de moine », nourri de spiritualité. Il faut s'entendre, à mon avis, sur le mot de spiritualité, qui au sens large rejoint davantage ici les grandes lignes du livre de Kandinsky du « Spirituel dans l'Art ». Cette spiritualité s'exprimerait aussi, à mes yeux, plutôt par des conditions de vie qui sont proches d'une certaine ascèse involontaire. 

        Les conditions de vie rencontrées au cours de sa vie ont souvent été douloureuses. Une certaine pauvreté l'a accompagné jusqu'à la soixantaine passée... L'exiguïté de son atelier, aussi, quelques mètres carrés, influença certainement le format réduit de ses travaux... Enfin, une fragilité psychologique, d'où une dépression chronique n'était pas absente. (La disparition de son atelier et de tout son travail dans l'incendie en 1934 ont dû être pour lui des épreuves terribles.) Mais au milieu de cette simplicité de vie et de ces remises en question, il cherchait... Il « expérimentait » dans la solitude et c'est là qu'il finit par trouver.

       Son oeuvre se partage entre ces "Encres" et ces "Miniatures". (Cf. le dossier : album de photos)

    Le noir de l'encre de Chine et le blanc du papier furent pendant de très longues années ses seuls moyens de créations (depuis 1930). Il fabriquait ses pinceaux et peut être même son encre à partir de pigments...

      Les miniatures relève de la même gestuelle. De la même délicatesse. 

    C'est une poésie peinte, parfois avec l'intégration d'une lettre peinte dans cet univers de formes plus ou moins abstraites. Chaque tableau s'anime de la rencontre de couleurs en camaïeu dans l'abstraction. Une invitation au rêve.

        Je ne peux m'empêcher de voir un équilibre parfait dans la relation entre ces masses de couleurs. Elles jouent entre elles. Subtilité des couleurs délavées et transparentes, Rétentions d'eau et d'aquarelle, traversées par un filet d'encre. Ces Miniatures nous prennent par la main pour une promenade visuelle. Les Encres par contre, elles, se saisissent d'emblée.

       Personnellement, je retrouve la même solidité formelle que celle que l'on peut éprouver devant les toiles de Morandi, avec l'absence de perspective en plus.

      Toiles d'enchantement qui ne se satisfont d'aucun artifice. «Le travail du moine-peintre» est dans cette épuration qui l'a conduit à l'essentiel.

     

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