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Connaissez-vous la péninsule de Knoydart ?

        Notre nouveau voyage hors de France nous mène pour la première fois, non pas en Angleterre, mais un peu plus haut : en Écosse. Autrement dit : En Grande-Bretagne ( Écosse + Angleterre + Pays de Galles) ou au Royaume Uni ( Écosse + Angleterre + Pays de Galles + Irlande du Nord).

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     Une décision importante prélude à ce voyage : celle qu'il ne se fasse qu'en train et non en voiture. Incapable de rouler à gauche, malgré le fait que l'on nous ait dit que les routes sont peu fréquentées ou que l'habitude se prend vite, nous ne dérogerons pas à cette idée que, pour nous, cela reste impossible ; Le souvenir d'un petit incident rencontré à l'Île Maurice, il y a quelques années, nous avait profondément marqués .

     Bref. Voyageurs du Monde, une agence que nous connaissons bien, nous accompagnera pour cette semaine de voyage, avec Yulia, "sa concierge parisienne", en cas de soucis.

     Du dimanche 27 avril au lundi 5 mai, nous avons prévu quatre étapes, chacune de deux jours, avec des activités et des découvertes quotidiennes. Pas le temps de nous ennuyer. Arrivée en avion à Édimbourg, puis direction vers les villes d'Oban, de Mallaig et d'Inverness, avant un retour sur Paris, via de nouveau, Édimbourg.

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Dimanche 27 avril.

     Comme nous souhaitions ne pas partir trop tôt, mais partir d'Orly, notre vol pour Édimbourg est prévu à 15 heures 35. Un repérage des lieux dans la semaine précédente était nécessaire car les bus en partance de Denfert-Rochereau ont définitivement cessé leur navette. Un trajet facilité par la ligne 14, récupérée à la station Madeleine. Chacun sa valise-cabine et son sac à dos... et en route.

     Un vol de deux heures, sans souci, malgré un retard de près d'une heure au décollage, en raison de l'attente d'un personnel médical sur un autre vol qui, lui aussi, était en attente de décollage... bref, un jeu de chaises musicales qui bloquait la piste d'envol !

     Nous sommes heureusement attendus à Édimbourg même avec du retard. Nous sortons un peu trop rapidement de l'aéroport, sans voir le chauffeur de taxi qui présentait son téléphone avec nos noms inscrits dessus. Retour sur nos pas. La jonction est faite. Quelques minutes plus tard, la porte du grand taxi se referme sur nous.

     Peu bavard au cours du trajet, le chauffeur nous dépose vers 19 heures 30 devant notre hôtel Nira Caledonia, dans un quartier très résidentiel néo-victorien au nord de la ville. Françoise qui parle mieux l'anglais que moi a tout de suite compris les premiers mots d'accueil de la jeune fille à la réception. Pas d'ascenseur ici, seul un grand escalier de chêne conduit vers les chambres ; la nôtre, immense et très cosy, dont la moquette particulièrement épaisse me rappelle aussitôt le souvenir d'un séjour dans un cottage à Cantorbery en 1983.

     Inutile de s'enfermer à cette heure-ci. Une petite faim se fait sentir. Rien de tel pour partir en ville à la recherche d'un restaurant plutôt sympathique. Mais pas seulement... Nous avions déjà une requête précise. Celle de retirer à la gare nos fameux billets de train qui se présentent sous forme de e-billets et ce, pour tous nos trajets du séjour. Nous stressions un peu, serions-nous capables de trouver, seuls, le moyen de les récupérer ? Finalement, pas plus bêtes que d'autres, après avoir trouvé la gare, nous retirons nos billets sur une borne, sans même avoir à mettre la carte de paiement comme cela était notifié dans le carnet de bord. Une dizaine de billets en tout, à ranger et à ne pas perdre. Nous sommes contents de nous en être sortis aussi bien. Voilà un souci de moins !

   Mon cousin, qui était déjà venu à Edimbourg, nous a chaudement recommandé un restaurant, The Dôme. C'était une bonne idée,  si ce restaurant un peu haut de gamme n'était pas pris d'assaut. Nous réservons pour demain soir. Il faut quand même dîner...

    Nous découvrons, après avoir un peu cherché, mais sans l'avoir vraiment cherché, dans une rue minuscule - il faisait déjà nuit – un pub qui attire l'œil de la fine "limière", qu'est Françoise. Le Guildford Arms. C'est une chance. Je vous le recommande. Un lieu étonnant. DSC02906.JPGIl daterait des années 1896 avec son magnifique plafond à caissons rouge, vert et or. Notre guide Michelin nous le présente comme l'un des plus charmants éta-blissements de la ville. Pas de whisky, mais une bonne bière n'est point de refus, accompagnée d'un bon plat. En particulier le fish and chips traditionnel... Beaucoup de frites. Sans parler de mon hamburger (qui ne vaut pas ceux de France, j'ose l'écrire). Frites aussi... Elles sont bonnes. La diététique voudrait que tous les soirs ne se ressemblent pas !

 

     Retour à pied vers l'hôtel. La nuit est tombée depuis longtemps. Nous longeons des parcs semi privés-semi publics. Peu où pas de voitures, encore moins de passants déambulent à cette heure-ci dans ces quartiers résidentiels.

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     Les fenêtres à guillotine aux larges carreaux, si particulières à l'Angleterre, n'ont pas de rideaux et laissent entr'apercevoir, pour les curieux que nous sommes, tout en restant discrets, avouons-le, des intérieurs généralement cossus et douillets.

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    Rares sont les réverbères allumés dans les rues. Les lumières tamisées des appartements aident à créer sur les trottoirs l'atmosphère un peu blafarde que n'aurait pas reniée Sir Conan Doyle...

 

Lundi 28 avril.

     Nous sommes du genre lève-tôt !

    À 8 heures, nous partageons, par petites tables, le breakfast dans la salle commune avec d'autres hôtes. Salués par un sympathique good morning à l'accueil. Quelques jeunes anglaises légèrement bruyantes, sûrement heureuses de se retrouver, quittent rapidement la salle. Le silence s'installe. J'apprécie. Il est en buffet. Thé/café comme d'habitude. Rien ne manque. On ne s'attarde pas non plus.

     À 10 heures, nous nous tenons prêts pour notre première rencontre. Nous avons une visite prévue de plus de deux heures avec une guide (en français) sur l'historique de la ville d'Édimbourg et certains de ses quartiers. Elle s'étonne que nous soyons à l'heure, ce qui me paraît la moindre des choses.

     Avant de partir, comme dans un avion, nous recevons ses consignes de sécurité... Ne jamais traverser quand nous n'y sommes pas invités. J'ajoute que les feux sont particulièrement longs surtout quand il n'y a aucun véhicule à l'horizon et qu'une envie furieuse vous inviterait à traverser. Ne pas gêner le passage aux autres usagers sur les trottoirs, etc...

     Nous nous rendons dans la vieille ville. Une longue artère centrale, High street (Royal Mile) semble piétonnière et sur celle-ci, viennent se greffer perpendiculairement des closes, sorte de petites impasses invitant à la curiosité sur les mystères de ces arrière-cours. DSC02941.JPG

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     Nous descendons ensuite la Victoria street avec ses maisons peintes de couleurs vives. Elle est connue de tous, enfin de tous ceux et celles qui ont lu les histoires d'Harry Potter... C'est, paraît-il, un passage obligé et mythique...

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     Effectivement, beaucoup de monde s'attroupe dans cette rue piétonne.

     Notre guide ne nous épargne aucun lieu emblématique de cette partie de la ville qu'elle agrémente de cette histoire assez conflictuelle qui a régné jadis entre l'Angleterre et l'Écosse. Je ne connais pas ou peu cette histoire, je l'avoue. Des lacunes à combler au retour. Si tout le monde connaît Marie Stuart, reine d'Écosse, de là à réciter correctement la généalogie de tous les rois et reines de ce Royaume... Je retiens 1603, date de l'Union des deux couronnes et 1707, date où le parlement déménage d'Édimbourg pour Londres. (Sans oublier tous les problèmes religieux entre catholiques et protestants de l'époque.)

     Ses explications sont simples. Elle aurait fait une bonne professeur d'histoire. Nous prolongeons tranquillement cette discussion intéressante autour d'une tasse de thé dans un pub.

     Visite de la cathédrale Saint Gilles, tantôt catholique, tantôt protestante au gré des vicissitudes de l'histoire. C'est là que John Knox, célèbre réformateur s'opposa à Marie Stuart. C'est aussi dans cette église que fut déposé le cercueil de la Reine lors de son décès en 2022 pour un dernier hommage en Écosse avant de regagner Londres.

     Il est impossible de tout visiter en si peu de temps. Passage rapide dans un très vieux cimetière Greyfars Cemetery, DSC02930.JPGoù les pierres tombales émergent romantiquement d'un gazon fleuri de pâquerettes.  Les tombes semblent à l'abandon et donnent cette impression si particulière que le passé nous rejoint. On retrouvera cette même impression dans le cimetière d'Inverness, à la fin du séjour.

     Notre guide nous abandonne vers 12 heures 30, tirant de son sac deux petites barres chocolatées (Tunnock's) qu'elle nous offre, les signalant comme étant les meilleures du Royaume, ce qui est vrai.

 

     Nous consacrons une grande partie de l'après midi à la visite de Holyroodhouse palace. Un audioguide en français, très bien réalisé, rend cette visite particulièrement agréable. DSC02946.JPGDepuis le règne de la reine Victoria, le château est redevenu une résidence royale où se rend fréquemment le roi Charles III et sa famille. Cette immense demeure aux dizaines de pièces en enfilade, aux centaines de tableaux et tapisseries, aux portraits d'ancêtres et de personnages célèbres de l'histoire anglaise demande plusieurs heures de visite. Il semble que rien n'ait bougé depuis le 17°s. J'aimerais voir les véritables appartements où vivent le roi et la reine quand ils viennent en résidence. Ont-ils plus de confort ? Je l'espère pour eux. Ces lieux prestigieux en manquent un peu, à mon avis. Je pense surtout qu'ils ne doivent pas venir en hiver...

    On devine derrière les fenêtres aux rideaux souvent tirés afin de ne pas endommager les peintures, l'immense parc arboré qui entoure le palais. Un parc à l'anglaise comme nous avons, nous, à Versailles, des jardins à la française. (Malheureusement vous n'aurez pas de photos. Elles sont interdites !)

     Allez, il faut bien partir...

    Nous repassons par la gare. Pourquoi, je ne sais plus trop, sinon qu'elle apparaît comme un axe central. Françoise réussit à obtenir à un guichet deux réservations concernant nos billets pour demain.

   Nous prenons ensuite le tram pour une tentative de visite du Britannia, l'ancien navire royal, qui dort tranquillement dans le port de New Haeven, au terminus de la seul ligne de tram de la ville : d'un côté le port et de l'autre l'aéroport comme terminus. (On pense déjà au retour lundi prochain.)

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     Malheureusement, nous arrivons vers 17 heures et les visites du bateau ne sont plus possible. Il faudra se contenter d'un petit dépliant. Une remarque : Les anglais finissent leur journée assez tôt et dînent de même. Nous nous promenons sur le port et visitons cette partie de la ville, appelée Leith qui, il y a une cinquantaine d'années a été particulièrement touchée par le chômage et la désindustrialisation. Des programmes d'urbanisation redonnent à ce quartier un certain renouveau, avec boutiques et restaurants, mais dans l'ensemble, à cette heure-ci, c'est assez paisible et très agréable avec cette vue sur la mer.

      J'ai beaucoup aimé les petites sculptures qui ornaient le monument mémorial au centre de la place Leith Shore en souvenir de l'activité maritime qui règne dans ce port depuis plus de 300 ans.

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     De retour à l'hôtel, nous nous reposons un peu. Une heure à peine, avant de se mettre en route pour The Dôme, ce restaurant où nous avons réservé hier soir. Ce restaurant, une ancienne banque à la façade ornée de six gigantesques colonnes, identiques à celles de le façade de La Madeleine à Paris... révèle un décor grandiose et surprenant.

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    Les tables sont installées sous une verrière dans une immense salle 1900. Tout y est bon et délicat, la lumière douce et reposante. Il est bon de s'offrir de temps en temps ces petits plaisirs. Il y a les palais que l'on visitent et les palais que l'on régalent !

    Une belle journée sans pluie, le temps est aux nuages lourds.

 

Mardi 29 avril.

     Après une excellente nuit, nous retrouvons notre table pour le breakfast. Les petits déjeuners sont copieux. Nous quittons l'hôtel vers 9 heures 15, assez tôt, dans l'idée de changer quelques € en £. N'ayant pas de compte en France dans la première banque rencontrée, l'opération s'avère impossible. On nous indique un Mark & Spencer qui pourrait nous aider. Effectivement. Mais il faut accepter le taux de change un peu défavorable...

     Le train nous attend à la gare pour un départ à 11 heures 15 avec un changement à Glasgow. Or dans cette dernière ville, il y a deux gares, il est donc indispensable de savoir si c'est un changement de gares ou seulement un changement de quai que nous aurons à effectuer !

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    Notre concierge Yulia confirme par SMS que c'est seulement un changement de quai. Une petite demie-heure de battement entre les deux trains suffit pour faire le tour du quartier le plus proche de la gare. La circulation dense contraste tellement avec les paysages de campagne que nous avons traversés depuis ce matin. On en avait oublié les voitures et le bruit ambiant de la circulation .

    Peu de monde dans ce nouveau train, qui arrive enfin à Oban, notre point de chute vers 16 heures. Située à l'Ouest de l'Écosse, dans le comté d'Argyll, Oban est une charmante petite ville côtière depuis laquelle les ferries partent vers les îles Hébrides, Mull, Iona et Stoffa.DSC02980.JPG

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         Oban doit à une maîtresse femme son label victorien. C'est la reine Victoria, connue pour son austérité, qui ajouta cette perle à sa couronne en 1897. Elle transforma ce petit port de pêche en station balnéaire. Elle devait aimer l'eau froide ! Plus tôt encore, l'ambition des frères Stevenson avait marqué la ville, transformant la brasserie familiale en distillerie. Le whisky, toujours en vogue, fait la renommée de cette petite ville.

    Si sortir de la gare est facile, car tout, ici, se fait dans un mouchoir de poche,  rejoindre notre hôtel demande une trois bons quarts d'heure de marche le long de la côte.

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     La mer qui s'étend sur notre gauche est, à cette heure-ci, à marrée basse et laisse entrevoir de vastes filons d'ardoises grises. Sur le chemin, nous croisons d'autres touristes, comme nous, tirant leurs valises à roulettes, car les hôtels ne manquent pas le long de cette côte.

     Le nôtre a un certain cachet, avec son intérieur plutôt kitch. Pas trop notre goût, mais toujours très propre. La chambre peinte en noire avec quelques motifs à fleurs des plus criards donne le ton... Atmosphère feutrée dans la bibliothèque,

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au rez-de-chaussée, où il faudrait prendre le temps de s'asseoir dans un bon fauteuil-club !

    Mais ce n'est pas l'heure. Retour en ville, car demain, nous partons en excursion en bateau vers les trois îles, il nous semble utile de prendre les devants sur les lieux de délivrance des billets et de l'embarquement. Bien nous en a pris, car l'agence n'a qu'un seul nom :  Fournier  sur ses tablettes. Françoise aurait-elle été oubliée ? Cela en a tout l'air. On envoie un SMS à Yulia lui expliquant ce souci majeur. Dans la minute : un retour de sa part : Elle fait le nécessaire !Effectivement, l'agence n'avait noté qu'une personne. Tout s'arrange après moult tractations. Il valait mieux faire cela à 17 heures la veille, plutôt que le lendemain à quelques minutes du départ. Nous voilà rassurés. Enfin... presque.

     Pour nous remettre de nos émotions, rien de mieux qu'une bonne bière sur le port, puis de fil en aiguille nous finissons par dîner. Une réalité : Tous les menus des restaurants se ressemblent. Mêmes plats, mêmes desserts...

    Pour faire passer le fish and chips, nous décidons de grimper jusqu'à la tour McCaig. Une sorte d'immense cercle de pierre, tel le Colisée, dont le constructeur, un banquier mi-mécène, mi-loufoque voulait faire une copie, en 1897, mais qu'il ne parvint jamais à terminer.

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En fin de soirée, ce monument devient un point de ralliement pour les touristes, le panorama y est si beau avec le coucher de soleil à l'horizon sur la mer. Nous avons beaucoup de chance, ce soir.

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     On peut apercevoir au loin l'île de Mull qui sera au programme demain. Nous redescendons par les petites rues sinueuses et fleuries pour rejoindre la côte et notre hôtel.

 

Mercredi 30 avril.

    Une grande journée. Elle commence par le thé/café matinal, suivi des traditionnels eggs and baccon et autres muffins et scones... On ne peut leur reprocher l'abondance de leur breakfast.

     Le départ est prévu à 10 heures, avec une présence obligatoire devant l'embarcadère à 9 heures 15. La liste des passagers est longue. Au final, suite à l'oubli réparé, on ne nous réclame rien, aucun papier, le contrôleur se contente d'appuyer sur le bouton de son compte-personne en espérant avoir un nombre de passagers qui égale celui de sa liste. Il suffit de répondre : un Yes sonore à la question posée : Three islands ?  Allez, passez... Nous n'en saurons pas plus.

     Une heure de bateau pour rejoindre l'île de Mull. La première des trois. On largue les amarres. Le bateau a englouti dans son ventre quelques voitures qui feront la traversée avec nous. Ces ferries simplifient la vie des insulaires. Comme le temps est beau et que le vent n'est pas trop fort, rien de plus agréable que de dominer la situation du pont supérieur. Pleine mer tout autour et douce brise dans le visage. Les côtes sont hérissées comme des dentelles, fouettées par les vagues, balayées par les courants contraires.

    Une demie heure plus tard, nous passons devant le château mystérieux de Duart, grosse forteresse, en parfait état, posée sur un éperon qui appartient au clan Mac Lean depuis l'indépendance.

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      Nous accostons à Craignure, où un bus nous attend. Le sésame Three islands ? Yes... se répète. Nous traversons l'île de part en part en une heure. La lande sauvage s'étend de toute part. Quelques moutons, uniques habitants visibles, accompagnés de vaches rouges à très longs poils avec leurs cornes en forme de lyre paissent béatement, elles se délectent d'une herbe dont elles apprécient, je pense, l'extrême qualité !

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     Ici ou là, totalement isolées, des petites maisons sont disséminées comme des jouets oubliés. On se demande comment les gens se ravitaillent, comment sur une terre aussi lointaine on peut faire venir tout le matériel pour les construire, comment ces terres ne sont-elles pas aussi des déserts médicaux comme ceux que nous connaissons en France ?

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      Nous poursuivons la traversée de l'île. Cette saison printanière offre des collines d'un jaune incroyable. Les ajoncs sont en fleurs. L'eau court partout. Les routes étroites demandent une attention particulière aux chauffeurs, et au nôtre en particulier avec son immense bus. De petits dégagements sont prévus de temps en temps sur le bord de la route pour permettre soit de se doubler, soit de laisser passer celui qui vous suit et qui souhaiterait aller plus vite que vous. Dans le bus, les gens s'amusent de certaines manœuvres risquées que font des touristes en mal de conduite. Je ne voudrais pas être à leur place.

      Nous arrivons enfin à l'extrême de l'île, au village de Fionnphort. Là, un bateau de la Compagnie Caledonian nous accueille pour la visite de l'île de Staffa. C'est une merveille géologique, vieille, paraît-il, de soixante millions d'années. Un filon dans la continuité de l'île des Géants en Irlande. On ne descend pas à terre. C'est une réserve naturelle très protégée. On se contente seulement d'en faire le tour.

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     C'est aussi le royaume des macareux qui nichent et volent au dessus de nos têtes par centaines. Oiseaux noirs et blancs avec leur bec orange si particulier. Seuls, deux éléphants de mer se prélassant sur les rochers, mais point de dauphin à l'horizon.

 

     Et là, devant nous, cet énorme bloc émerge, lui, comme une baleine....Ces orgues basaltiques sont surmontées de coiffes magmatiques intrigantes. Notre regard est attiré par les deux énormes trous, deux cavernes dont l'une, appelée la Grotte de Fingal, a été rendue célèbre par une œuvre musicale de Félix Mendelssohn, "Les Hébrides". L'ensemble est particulièrement impressionnant et doit l'être encore plus, lors des grosses tempêtes, quand les vagues monstrueuses viennent s'abattre à l'intérieur.

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Je vous laisse découvrir une interprétation de cette œuvre par l'orchestre symphonique du Conservatoire de Toulouse sous la direction de Victor Jacob.

     Les vagues nous bercent et tranquillement nous nous dirigeons vers la troisième et dernière île, celle d'Iona. Plus douce, avec ses vertes prairies. Le bateau accoste et nous laisse une bonne heure de visite au loisir de chacun.

     En marchant ici, je sens, sous mes pas, que je foule une terre spirituelle et habitée. C'est la patrie de Saint Colomba ou Colomban, un moine irlandais qui a construit aux alentours du sixième siècle une abbaye, dont il ne restait que des ruines au siècle dernier et qui a été restaurée de manière exemplaire.

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    Abbaye très connue dans le monde monastique et bénédictin. J'avoue que c'est pour moi un privilège de me promener en ces lieux bénis, dont j'avais jadis entendu parler, sans savoir qu'un jour je les visiterais. J'en ressens toute la puissance sans vraiment pouvoir l'expliquer. Non loin de l'abbaye se trouve le premier cimetière chrétien d'Écosse.

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Par ailleurs, on pense que dans le scriptorium de cette abbaye, il y a quelques siècles, des moines copistes ont enluminé l'un des plus beaux manuscrits de la chrétienté, le Livre de Kells. un chef-d'œuvre de l'art irlandais. Nous visitons le petit musée qui présente des pierres tombales, d'autres reliques et des vestiges de l'art celtique trouvés dans les fouilles successives autour de l'abbaye. DSC03105.JPGAujourd'hui, ces lieux retrouvent une vie spirituelle grâce à une communauté de laïcs qui donnent des retraites spirituelles. Il est certain que le silence et le repos, en de tels lieux, sont garantis !

    L'heure passe vite et il faut déjà penser au retour dans l'autre sens. Même parcours, car il n'y en a pas d'autre.

J'ai du mal à décrire toute la variété des paysages. Montagnes vertes, mais d'un vert délavé, des roches, parfois d'énormes blocs gris et noirs, posés comme des météorites dans les champs et paradoxalement certaines criques de sable blanc ouvertes sur une eau claire et bleue.

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Nous rentrons légèrement fatigués de cette journée, mais d'une "sainte" fatigue !

 

Jeudi 1 mai.

    Le petit déjeuner se déroule comme hier, mais avec un peu plus d'attente... Comme les hôtels sont guère remplis en cette saison, les hôteliers hésitent à faire des buffets bien garnis pour le breakfast. Aussi la veille, on nous remet une feuille sur laquelle nous indiquons par une croix les plats que nous désirons pour le lendemain. Cela évite le gaspillage. Nous avions déjà connu cette formule durant la période du Covid.

     Le temps est couvert. Je ne m'inquiète pas, il change tous les quarts d'heure. Le vent balaie les nuages en permanence, tantôt de la mer vers la terre tantôt l'inverse. C'est ce qui fait le charme de ces latitudes.

 

    Oban, je le soulignais ci-dessus, est un haut-lieu pour la distillerie du whisky. La principale distillerie ouvre ses portes à 10 heures. Une visite s'impose. Elle dure deux heures,  tout juste le temps avant de reprendre le train. Heureusement la distillerie et la gare sont proches l'une de l'autre. Quelques couples de français et de polonais attendent, comme nous devant la porte.

      Nous n'avons jamais bu de whisky, ni l'un ni l'autre -une grande première- car la visite commence effectivement par une dégustation d'un petit verre à 10 heures !... Franchement, nous n'avons pas aimé ce précieux liquide qui offre même "une part aux anges". La visite se clôturera par un autre demi-verre... que nous refuserons, ou plutôt qu'acceptera, bien volontiers, mon voisin. La distillerie offre en souvenir à chacun deux jolis petits verres gravés « Orban 1794 ».

     Ce sont des dizaines de milliers de bouteilles qui sortent chaque année de ces énormes alambics en cuivre. La visite a été un peu écourtée à notre intention pour nous permettre de rejoindre la gare rapidement.

 

    Le train est à midi. Il arrive à Mallaig à 17h 45 très précisément, avec un changement à Crianlarich.

    J'ouvre un aparté. Petit moment de panique lors de ce changement de train. Ce village est en rase campagne. Françoise ne trouve pas mieux que s'éclipser, soit-disant quelques minutes, pour une raison que j'ignore. Je reste sur le quai avec les valises à attendre son retour. Les minutes passent.... Je m'inquiète un peu. Je regarde ma montre. Je m'agite... J'essaie de lui téléphoner… En vain. Toujours sur répondeur... Je confie alors les valises à une dame qui attendait, elle aussi, le train. J'essaie de lui expliquer la situation du mieux que je peux en anglais. (Je ne traduirai pas.) Elle rit. Je sors rapidement de la gare quand je vois arriver Françoise avec deux gobelets en main. C'est l'heure du tea time, me dit elle ! Ouf !  Le train ne tarde pas à entrer en gare !

     Le train plus court qu'en France, jamais plus de deux à cinq wagons, s'ébranle. Nous voilà partis en direction de Mallaig.

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Plus de mouettes sur les quais de Mallaig que de voyageurs en attente du prochain train...

 

 

     Mallaig, havre de pêche et terminus de la balade au bout de la péninsule. À la lecture de mon guide, j'apprends que c'est un cul-de-sac historique, au sens noble depuis 1786. Bonnie Prince Charlie, le dernier des Stuart, prétendant au trône d'Écosse et dont nous avions vu le portrait à Holyrood palace, en fit son refuge. C'est la très longue histoire des Jacobites qui s'achève dans la tragique bataille de Culloden... Les livres d'histoire vous la raconteront mieux que je ne saurais le faire.

     Notre hôtel, The Marine Hotel, sur le port et face à la mer, ne semble pas nous attendre ce soir ! C'est tout du moins l'impression qu'il nous donne. Il n'y a personne à l'accueil et les deux feuilles qui traînent sur le bureau à l'entrée ne sont pas à nos noms. Un coup de fil à Yulia rassure... Elle appelle le responsable du pub qui jouxte l'hôtel et auquel il aurait peut-être fallu s'adresser. Nous sommes enfin accueillis, dans les minutes qui suivent, et conduits à notre chambre au travers d'un labyrinthe de couloirs.

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     C'est vrai. C'est un peu le bout du monde. Notre première découverte est celle du port. Il est un peu trop tard, les bateaux sont déjà revenus de leur tournée quotidienne. Petit port, deux trois baraques, dont celle qui assure les réservations pour la traversée, demain. DSC03171.JPG

 

La ville me paraît un peu éteinte. Dans la seule rue : Quelques boutiques de souvenirs made in China (comment y échapper !) ou de laine à tricoter et autres pulls-over à grosses côtes, made in Scotland. J'oubliais : un seul grand magasin, genre mini-Auchan ou mini-Carrefour, source d'approvisionnement pour les locaux. Important. Et c'est tout.

 

     L'heure tourne. Les restaurants ne manquent pas, c'est le moins que l'on puisse dire. Ici, on pense touristes, on vit beaucoup du tourisme. Il faut choisir et, ce soir, l' Hôtel Highland emporte nos suffrages. On verra pour demain. Au plus haut du village, on dîne dans ce restaurant doté d'une belle terrasse dominant toute la baie. Toujours admiratifs de ces couchers de soleil, même si au cours de l'année nous en sommes très souvent gratifiés.

 

     Excellente nuit. J'ouvre juste une parenthèse, que tous les bricoleurs apprécieront, sur la sécurité électrique dans la salle de bains, elle me surprend. Je ne comprends pas comment, dans la douche, l'alimentation en eau chaude et froide est actionnée par un système électrique fixé directement dans la douche elle-même, au risque d'une électrocution radicale. Mystère ! On testera demain matin ! On rencontrera le même système dans le dernier hôtel !

 

Vendredi 2 mai.

     Le temps est très couvert, mais jamais pour longtemps.

   Pardon, mais si je parle si souvent du temps, c'est parce que nous avions peur d'être emmitouflés, matin et soir, dans des K-Way (veste et pantalon), que nous avions emportés. Or par chance, ils ne sortirent jamais de la valise.

     Après un petit déjeuner fort simple. Pourvu que l'une ait son café et l'autre son thé, tout va, car ici tout, dans cet hôtel, est réduit au minimum. Par la fenêtre, de larges bandes de ciel bleu se découvrent entre les nuages. La journée tiendra t-elle ses promesses de beau temps comme l'indique notre application. Le bateau prend la mer à 10 heures. Nous sommes à l'heure et généralement plutôt en avance. En route, donc, pour Inverie, petit village et seule porte ouverte sur la péninsule de Knoydart. (Ne pas prononcer le k !). La traversée se fait sans houle. Tout est gris, un camaïeu de gris, cinquante nuances de gris (!) entre le ciel, la mer et les montagnes qui nous entourent. Je reste sur le pont, à la recherche de la photo idéale, espérant que la suivante sera plus belle que la précédente.

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     Nous somme attendus normalement par un forestier anglophone pour découvrir à la fois son métier et la forêt dans laquelle il travaille. Effectivement, "l'homme des bois" nous attend à bord de son 4x4. Surprise ! Il parle assez bien le français... Son père est suisse. Après des études de biologie, Costa, c'est son prénom, s'est orienté vers les métiers de la forêt, avec l'intention à plus ou moins long terme de revenir peut-être en Suisse et pourquoi pas en France.

    Nous ne serons pas deux comme prévu, mais un groupe d'une petite dizaine de touristes anglophones. Il fera donc ses commentaires dans les deux langues. Deux heures particulièrement intéressantes pour découvrir une forêt, dite primaire. Il y a trois cents ans, les forêts ont été livrées à des coupes à blanc pour permettre aux moutons de paître. Une entreprise dramatique, dit-il, pour l'écosystème. Aujourd'hui on replante, beaucoup et peut être beaucoup trop, poursuit-il. C'est l'impression que j'ai eu, aussi, en voyant certaines parcelles qui mériteraient, après dix ou vingt ans de pousse d'être aérées d'un trop-plein d'arbres.

     Nous voilà tous en file indienne. On monte, on descend, on traverse des ruisseaux, on glisse sur les mottes ds tourbières, on se mouille les pieds. Deux heures et demie de marche... Les explications ne manquent pas, les questions non plus et les réponses sont passionnantes. Les bois de bouleaux et de hêtres cachent de nombreux oiseaux. Quand le silence se fait, on peut distinguer les chants du bec-croisé ou du cincle. L'application sur mon portable : "Identification des oiseaux" m'est bien utile pour cela. Je ne reconnais qu'une mésange huppée à son petit chapeau de plumes. Elle saute de branche en branche comme si elle nous suivait. La plupart sont des oiseaux endémiques à cette région. Je ne sais pas si Olivier Messiaen est venu les enregistrer, lui, le musicien et grand ornithologue voyageur. La richesse de la faune compte des cerfs et des chevreuils, des loups et des renards, mais aucun n'a daigné montrer le bout de son nez.

    En repartant, le forestier nous glisse à l'oreille qu'il aurait préféré une visite à trois, il aurait été plus disponible à nos questions ; mais il ajoute qu'on lui a imposé le reste du groupe. Il s'en excuse et nous lâche vers 14 heures 30. Une belle rencontre. Nous l'avons invité pour visiter Paris lors d'un de ses prochains voyages.

    Nous souhaitons déjeuner. Le choix est facile. Nous poussons la porte de l'unique lieu où nous pouvons prendre une collation. Les gens s'y retrouvent autour d'une bonne pinte de bière, quelques hommes déjà attablés, des ouvriers certainement, ou peut-être des pêcheurs prennent leur pause-déjeuner souvent rapidement. Un groupe de touristes, plus loin, se délestent de leurs vêtements de randonnée... Les allées et venues de la serveuse souriante, plateau en équilibre sur une main, prouvent que l'ambiance est à la bonne humeur.

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    Inverie, c'est un lieu de 150 âmes... Une longue suite de maisons blanches qui se jouxtent et bordent l'unique route du village. La population beaucoup plus importante au 19°s a fondu comme neige au soleil. Maintenant, l'ensemble des habitants s'est regroupé en associations, de manière intelligente, ce qui leur a permis, nous disait notre forestier, de mettre en route des programmes de rénovations multiples et diverses et surtout des aides pour les uns et les autres.

     À 16 heures 15 (il ne s'agit pas d'oublier l'heure), nous devrons reprendre le bateau, nous profitons de ces deux heures de battement pour une grande balade dans la forêt, prendre un dernier vrai bol d'air. On emprunte un chemin sans but précis, ainsi nous passons devant quelques jolies petites maisons, une étonnante chapelle transformée en habitation particulière, une femme qui tricote en pleine forêt assise sur un tronc et qui ne lève même pas les yeux sur notre passage. Les bords du chemin sont parsemés d'iris des marais qui, par milliers, attendent de fleurir sur leurs longues tiges feuillues.

     Le bateau se dessine à l'horizon, et il rapproche doucement. Il est temps de revenir sur la jetée. Le retour se fera dans les entrailles du bateau, car le vent s'est levé. On se laisse bercer par les vagues dans cette grosse coque de noix en bois.

     Ce soir, nous n'avons aucune envie de retourner au même restaurant. Essayons un endroit plus traditionnel. Le Chlachain Inn est un restaurant de famille où je me laisse tenter par le fameux haggis, ce plat typiquement écossais cuit dans la panse de brebis. Je redoutais le pire, mais contrairement à ce que je pensais (oublions les on-dit...) c'est effectivement très bon.

     Dès demain matin, il faudra boucler les valises pour une nouvelle destination.

 

Samedi 3 mai.

    Chaque matin, souvent réveillé aux aurores, je scrute par la fenêtre les aléas climatiques du moment. Généralement indécis, parce que tout change au premier coup de vent. Les mouettes semblent s'en amuser et se laissent porter par les courants aériens. Jamais loin du port, et dans l'attente de quelques poissons oubliés dans une caisse, celles-ci attendent le déchargement des bateaux.

     Breakfast comme hier. Le premier jour, on tâtonne, le second les habitudes sont prises. Ici, notre table porte le numéro de notre chambre. Le petit déjeuner terminé, nous ne verrons plus personne, les couloirs sont silencieux, nous fermons définitivement la porte derrière nous et partons en direction de la gare.

    Le trajet d'aujourd'hui nous conduit jusqu'à Inverness. Le trajet se fera en deux temps. En train de Mallaig jusqu'à Fort William, puis en bus de là à Inverness. Partis à 10 heures, nous devrions arriver vers 15 heures 30.

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     Cette première étape en train emprunte la West Highland Line, elle traverse les paysage sauvages du Rannoch Moor, mais cette ligne est surtout connue pour offrir aux fans d'Harry Potter la possibilité de traverser ces magnifiques paysages avec le Jacobite train, un tortillard à vapeur, appelé Pouldard Express. À un certain moment, en pleine nature, nous voyons affluer des dizaines de personnes qui dévalent les sentiers alentours et convergent vers le creux de cette fameuse vallée.DSC03243.JPG

 

   Arrivée à Fort William, c'est, à présent, le bus. La gare routière jouxte la gare ferroviaire. Nous sommes samedi et le centre commercial situé dans l'enceinte de la gare ressemble à une ruche. Les uns prennent le temps de déjeuner, les autres déambulent avec des chariots chargés de leurs courses pour la semaine. Les caisses sont prises d'assaut, nous préférons remettre à plus tard les petites emplettes que nous souhaitions faire.

 

     Le bus stationne à l'endroit prévu. Je présente, comme billet un malheureux QRcode imprimé et perdu au milieu d'une feuille A4, avec l'espérance que le chauffeur aura l'appareil pour le lire, et surtout, que ce dernier marchera. Je parle d'expérience...

    Tout va bien. En route pour trois heures de bus.

 

    Inverness. Nous devons retraverser la ville, car notre hôtel est à l'opposé de la gare routière. Il faudra donc passer sur un des ponts qui enjambe la Ness. Merveilleuse invention que le GPS pour se rendre sans problème d'un point à un autre. En fait, surprise, nous découvrons que ce n'est pas un hôtel, mais une maison d'hôte comme de nombreuses autres dans ce quartier. La nôtre s'appelle Bluebell house, au n°31 de la Kenneth street.

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     Mais première surprise: le check in ne se fait qu'à 16 heures ! Or il n'est que 15 heures 15. Françoise commence à piaffer après les cinq heures de trajet que nous venons de vivre... Pour ceux qui me connaissent, je prends mon mal en patience... Un numéro de téléphone, dans le carnet de bord, nous permet de joindre le propriétaire qui confirme que la réception n'ouvrira qu'à 16 heures ! Bref, n'ayant pas été prévenus de ce contretemps, surtout qu'il n'y a même pas un banc dans le jardinet... Que faire : ATTENDRE !

     Qui ouvre la porte à 16 heures ? Le propriétaire baraqué (joueur de rugby ou participant au concours de bûcheron ?), jovial et un peu gêné, comme s'il avait été tiré de sa sieste. Françoise trouve les mots, je lui en laisse le soin, pour lui exprimer qu'elle n'est pas très contente. Mais tout semble s'arranger en trente secondes... Après nous avoir montré notre chambre, il propose pour se faire "pardonner" de nous offrir deux verres d'un bon chardonnay blanc et quelques chips... Nous acceptons bien simplement. Puis, il s'éclipse trois minutes pour revenir avec un magnifique bouquet de roses rouges déjà planté dans un grand vase ! Que dire après cela ?...

    L'atmosphère se détend. On lui demande s'il ne connaîtrait pas un restaurant qu'il nous recommanderait pour dîner ce soir. No problem : dit-il, et de composer immédiatement sur son portable le numéro sésame du Contrast Brasserie pour 20 heures.

   La chambre est meublé d'un lit à baldaquin qui nous amuse, je lui fais remarquer avec un brin d'humour qu'il a oublié de poser les rideaux. À son tour de rire. Quant au reste rien à redire. Je reste surpris par la radio DAB (!) posée sur la table de chevet, comme dans tous les hôtels où nous passons, sans parler de la TV, saturée de publicités, qui n'a aucun programme vraiment intéressant.

 

    Nous ne tardons pas à rejoindre par des chemins détournés le restaurant qu'il a retenu. Le temps est toujours au beau fixe. Quelle chance !

    Que dire sur Inverness ? Étymologiquement : Inver : la bouche et Ness : la Ness, nom de la rivière. Soit : L'embouchure du Ness. Charmante petite cité. Porte et capitale des Highlands. Je pense qu'à elle seule, la visite de la ville et de ses environs mériterait de s'y DSC03285.JPGattarder quelques jours. DSC03281.JPGCertes, il y a peu d'édifices historiques, puisque la ville s'est surtout développée au 19°s. avec le creusement du canal calédonien et l'arrivée du chemin de fer. D'autre part, les bâtiments construits entre 1960 et 1970 ne sont pas d'une esthétique renversante, nous leur préférons et de loin, la belle promenade sous les arbres le long de la Ness. Inverness apparaît comme le point de rayonnement vers toute les campagnes environnantes.

     Le château, the Castle, (19°s.) tout rose, domine le centre ville, mais il est actuellement en complète rénovation. Le musée, quant à lui, est fermé. Il en est de même pour toutes les églises et en particulier la cathédrale St-Andrew. C'est vrai, il est tard. Notre seule visite sera pour une galerie d'art contemporain qui prépare un lunch de vernissage pour divers artistes (R. Brown, et les vases de R.-E. Jones) dont certaines œuvres retiennent particulièrement mon attention.

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Quatre petites maisons en céramique  de Rowena Brown.

     Dans le même quartier sur le bords de la Ness : Contrast Brasserie. Un samedi soir, sans réservation, il nous aurait été impossible de trouver une table. Nous vous remercions encore M. Kenny Macmillan ! Oui. Restaurant de qualité, à l'excellente cuisine, fine et bien préparée. À recommander à de futurs voyageurs.

    Pendant le repas je reçois un sms-vidéo d'un ami manceau qui me dit qu'un formidable orage de grêle s'est abattu sur Paris cet après-midi. À voir le petit film envoyé, nous avons peur pour les plantes de la terrasse. Ici, on ne peut rien faire, sinon attendre lundi pour constater les dégâts, s'il y en a. Alors profitons du moment présent.

 

Dimanche 4 mai.

    Comme d'habitude nous avons rempli, hier soir, la feuille du petit-déjeuner. So british ou plutôt so scottish. Nous sommes les seuls, semble-t-il, dans cette maison. Il n'y a que le couloir à franchir pour accéder à la salle à manger toute familiale. Nous osons à peine déranger cette pièce qui semble figée dans un silence et un rangement parfait.

   À 10 heures, comme prévu, nous retrouvons sur le pas de la porte la guide missionnée par Voyageurs du monde, elle nous entraîne vers le centre ville pour une visite un peu plus historique que celle faite rapidement hier soir. Claudia, la trentaine, vient de la Réunion. Son stage initial de deux mois à Inverness s'est transformé en un désir de rester beaucoup plus longtemps, tant elle aime cette petite ville. Engagée dans les mouvement associatifs, elle trouve avec joie un écho à ses attentes de bénévolat.

   Durant la pause-café, qu'elle nous offre, nous prenons contact avec getyourguide, site que Françoise a trouvé sur internet pour envisager cet après-midi une sortie sur le loch Ness en bateau. En quelques clics, nous avons nos billets et un programme prometteur : Aller à la rencontre du monstre !

 

    Nous savons où se trouve la gare routière.

   À 14 heures, le bus de la Compagnie nous conduit jusqu'au port. Le chauffeur, durant le trajet, commente dans un anglais que je comprends : à gauche, ceci, et à droite, cela...DSC03306.JPG

   Le temps s'assombrit et il ne serait pas étonnant que nous rencontrions la pluie sur le bateau. Ce qui ne manque pas d'arriver.

Point de monstre, bien sûr.

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     L'atmosphère est froide, on pourrait presque dire métallique, quand surgit sur la droite le château d'Urquhart. Les ruines impressionnantes occupent un promontoire rocheux. Au 10°s., le château appartenait à la ligne défensive des garnisons du Great Glen. Beaucoup, beaucoup de monde...

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Un dimanche et les vacances scolaires anglaises. Nous restons une bonne heure à scruter la surface de l'eau (!) et admirer les rives perdues dans cette brume qui estompe les variantes de verts foncés de la lande environnante.

     Le retour en bus se fait aussi facilement qu'à l'aller avec le plaisir d'une dérivation inattendue sur la route qui permet de redécouvrir de très belles collines couvertes d'ajoncs jaunes. La campagne est aux portes de la ville.

 

     Pour dîner : Une plongée dans le microcosme d'un pub écossais réjouit les dernières heures. Le Hootananny résonne de cette musique traditionnelle, où violons et cornemuse rythment et accompagnent les chants. C'est vraiment cette ambiance chaleureuse et typique que nous souhaitions avant de partir. Les avis sur internet divergent sur l'accueil dans ce pub. Personnellement, je peux dire que devant l'hésitation de la serveuse à nous accueillir tant il y avait de monde, et sans réservation de notre part, il  a suffit que je lui dise que nous étions français, pour être accueillis avec grand sourire. Le repas se déroula dans les meilleures conditions. Jeunes et moins jeunes se retrouvent là, tous les soirs, pour partager un réel moment de convivialité qui fait plaisir à voir et à entendre.

 

Lundi 5 mai.

    Une journée – un voyage !

   Train + avion. Nous quittons Inverness par le train de 10 heures 50 pour Edimbourg via Glasgow. Le nez sur la vitre du train, cherchant à prendre la photo qui nous manquait ! Arrivée à l'aéroport vers 16 heures pour un embarquement à 19 heures.

    L'avion de la compagnie Transavia traverse les airs au dessus du Channel en direction de Paris-Orly et se pose à 22 heures. Il fait nuit.

 

    Je ne sais si un jour je porterai un kilt, si j'aimerai le whisky, ou si je jouerai de la cornemuse... Mais ce dont je suis sûr, en revanche, c'est que je relirai l'histoire et les légendes d'Ivanhoé et de Quentin Durward de Walter Scott, dans la belle édition rouge et or offerte par grand-mère, il y a soixante ans !

   L'Écosse a réussi à me fasciner, à nous fasciner.

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Toutes les photos ont été prises au cours de ce voyage. DF.

Commentaires

  • Dominique et Françoise,

    Merci pour ces partages romanesques qui dépeignent l'Écosse que j'aime. Il y a deux ans, j'ai passé quatre jours à Glasgow, où j'ai donné un récital à l'église Saint Brice, interprétant "Les anges" d'Olivier Messiaen qui ont volé parmi nous le dimanche après la fête de Saint-Michel.

    Bon dimanche, Carolyn

  • Comme toujours ,j'apprécie tes beaux récits de voyages,moi qui ne peut plus guère me promener!
    Bises Marie-Odile

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