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Dominique FOURNIER - Page 6

  • "CARAMBOLAGES"...

    Un carambolage, ça peut être cela !

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    Mais heureusement, beaucoup d'autres choses... !

     

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  • PSAUMES... Une aventure graphique

     

    Le livre est ouvert, et c'est une joie.

    C'est par ces quelques mots que s'ouvrait la préface de mon livre Psaumes, édité en 2001 aux éditions Socéval. Depuis... Tristesse. Ces éditions ont fermé et ce livre n'est plus disponible après avoir été mis au pilon (plusieurs dizaines d'exemplaires) par les éditions Artège !!

    L'aventure était-elle terminée ? Non.

    J'ai pu récupérer avec beaucoup de difficulté tous les dessins qui le composaient. Ceux-ci dormaient dans des cartons sur une armoire poussiéreuse et auraient certainement terminé un jour ou l'autre à la poubelle au regard du peu d'intérêt que leur portaient les éditions Artège, guère favorables à la création contemporaine.

     

    L'aventure continue.

    Je souhaiterais vous raconter les prémices de ce livre.

    En 2000, les éditions Socéval, par l'intermédiaire du Père Charpentier, principal maître d'oeuvre de ces éditions, me demandent d'envisager l'illustration des quatre couvertures de l'année 2000 pour leur revue Dimanche en paroisse. Je réalisais donc ces quatre couvertures sur le thème des psaumes.

    (Je ne remercierai jamais assez le Père Charpentier d'avoir cru dans ce projet et de m'avoir aidé à le réaliser jusqu'au bout.)

    Je trouvais là une source d'inspiration incroyable. Ainsi, le pied à l'étrier, j'étais parti pour une longue série. Au bout de 50 psaumes... et deux années de travail intensif, je sentais que le filon commençait à s'épuiser. Il fallait faire vite. Avoir une maison d'édition était la chance à saisir, surtout qu'elle ne semblait plus très pérenne. Ce qui devait arriver arriva peu de temps après... Elle ferma et le Père Charpentier fut mis au chômage. Mais le livre était sorti de presse !

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    D'autres peintres avaient, eux aussi, réalisé de magnifiques tableaux sur cette thématique, je pense à Benn ou à Chagall. L'entreprise semblait présomptueuse et soumise à rude critique mais pourquoi ne pas tenter ? 

     

    Certains dessins donneront l'impression d'une grande simplicité, voire d'une lecture au premier degré. D'autres, au contraire, entraînent aux frontières de l'abstrait. Chaque dessin est une surprise.

                                  

     

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    Le livre est ouvert et c'est une prière.

    Le psalmiste traduit dans son langage et avec ses mots toute la richesse de sa propre expérience. Pendant des années, j'ai mis mes pas dans les siens et encore aujourd'hui je reconnais en moi des expériences similaires aux siennes. Faire de ses paroles, nos paroles et de sa prière notre prière. Ainsi au fil du temps je me suis senti interrogé et en même temps conduit à créer une image qui pourrait dire plus que cette phrase qui jaillissait, écrite, là, au milieu du psaume, à inventer ce dessin qui conduirait à provoquer l'oeil et l'esprit, ce dessin qui naîtrait en moi comme une étincelle ; une étincelle provoquée, comme le dit si bien André Chouraqui, par les "150 miroirs de nos révoltes et de nos fragilités, de nos agonies et de nos résurrections."

     

    Ce livre avait été préfacé par Enzo Bianchi, prieur du monastère de Bose en Italie. Sa présence dans ces pages témoignait tout à la fois de l'amitié que nous nous portions depuis quelques années, mais surtout que sa sensibilité profonde avait été touchée par mon écriture picturale sur cette thématique biblique. Il aimait ce travail et lui donnait une reconnaissance.

    Je ne résiste pas à l'idée de vous proposer quelques extraits :

    Les psaumes sont une parole qui, non seulement, doit être écoutée, prononcée, goûtée, mais vue aussi. L'auteur de ces tableaux psalmiques sait voir la Parole et surtout se sait vue d'elle ; il sait que ses yeux la scrutent jusque dans les profondeurs. L'art naît de cette rencontre des regards. (...) Les interprétations chromatiques de Dominique Fournier laissent entrevoir des richesses insoupçonnées et des exégèses inattendues... Comment ne pas voir dans son interprétation du Psaume 2 une évocation de la "Création d'Adam" de Michel Ange à la Chapelle Sixtine... (...)

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    On ne peut alors que remercier l'auteur, qui par "ces tableaux psalmiques" permet à la Parole de poursuivre sa course et de parler aussi le langage des couleurs, ce langage invisible à beaucoup, mais visibles aux artistes.

     

    Je vous propose la lecture de quatre dessins de ces psaumes :

     

     

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     Psaume 136 

    Au bord des fleuves de Babylone 

    nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ;

    Aux peupliers d'alentour, nous avions pendu  nos harpes

    Et c'est là qu'ils nous demandèrent, nos geôliers, des cantiques

    nos ravisseurs, de la joie : "Chantez-nous, disaient-ils,

    Un cantique de Sion.

    Psaume de l'exil, les hébreux chantent une mélopée qui s'élèvent dans les arbres. L'arbre et la harpe ne font plus qu'un. Le célèbre offertoire "Super flumina" grégorien disperse ses neumes au vent. L'eau s'écoule doucement au pied des arbres. Les troncs noirs et solides ancrent le feuillage pommelé dans une terre bourbeuse. Ciel, terre et végétaux ne font q'un dans ce chant qui s'élève.

     

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    Psaume 106 

    Descendus en mer sur des navires, exerçant leur métier sur l'océan,

    ils ont vu les oeuvres du Seigneur et ses merveilles dans les abîmes.

    Il parle et fait lever la tempête, un vent qui soulève les flots; (...) Dans leur détresse, ils ont crié vers le Seigneur, ils les a délivrés de leurs angoisses ramenant la tempête au silence.

     

    Magnifique psaume historique. On retrouvera des harmoniques de ce psaume dans le passage de la tempête apaisée dans les évangiles (Mc 4, 31-41). On peut aussi penser au passage du déluge et de Noé... Beaucoup de symboles dans ce dessin.

    La main qui est dans la mandorle est la main de Dieu touchant le haut d'une vague et qui commande à la mer. L'arc en ciel à gauche devient horizontal à droite pour exprimer le silence et l'apaisement ce que l'on retrouvera aussi avec les vagues (partie droite) et le flot plus calme (partie gauche - ces deux parties s'opposent dans le dessin)... Le navire lové dans une vague tient bon. L'ancre lui permettra d'arriver à bon port.

     

     

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    Psaume 93

    Qui se lèvera pour moi contre les méchants, qui siégera pour moi face aux malfaisants ? Si le Seigneur ne me venait en aide, j'habiterai bientôt le pays du silence.

    Quand je dis "Mon pied trébuche", ton amour, Seigneur, me soutient. Dans l'excès des soucis qui m'envahissent, tes consolations délectent mon âme.

     

     

    Présence Dieu dans les fenêtres d'une vie ou d'une nuit qui semble bien sombre. Dieu se cache et ne se dévoile pas complètement, ainsi les lettres qui composent son nom n'apparaissent-elles pas en complète lumière. Par ailleurs ces failles qui strient le dessin comportent elles aussi une pointe de couleur à leur extrême limite... C'est un dessin de confiance.

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    Psaume 117

    Donne, Seigneur, donne le salut ! Donne, Seigneur, donne la victoire !

    Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Nous vous bénissons de la maison du Seigneur ! 

    Le Seigneur est Dieu, il nous illumine. Rameaux en main, formez la haie jusqu'à l'autel.

    Rendez grâce au Seigneur, car il est bon,

    éternel est son amour !

    Ce dessin met en résonance à la fois ce passage du psaume où il est dit que les rameaux sont agités dans la liesse pour rendre grâce mais aussi un rappel du passage où Jésus rentre à Jérusalem monté sur un âne, acclamé par ses fidèles. Les cercles concentriques expriment cette rumeur qui monte, s'amplifie et se répand.

    La porte est haute... Il s'agit de monter vers Jérusalem, la ville sainte.

    Dans la porte, on peut lire en hébreu : Car éternel est son amour.

     

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    Chaque dessin a son histoire, ses symboles... et ne se laisse pas découvrir immédiatement.

     

     

    Aujourd'hui, je propose chaque dessin encadré au prix de 90 euros encadré.

    Réalisé aux crayons de couleur, la taille du dessin est de 15cm x 15cm.

    (Taille encadrée avec sa marie-louise 25,5cm x 25,5cm)

    Prendre contact par mail : domfou@yahoo.fr

    Merci

     

     

     

  • Jean Pierre PINCEMIN (1944 - 2005)

    Pincemin 1944-2005.jpgJean Pierre PINCEMIN (1944-2005)

    Jean Pierre Pincemin est décédé jeune à la suite d'un accident pulmonaire. Il n'avait que 61 ans. Quelle trajectoire rapide entre le 7 avril 1944 et le 17 mai 2005. Il n'avait guère d'affection particulière pour l'école, sans doute l'aurait-il préférée buissonnière. Sa formation le conduira vers l'industrie mécanique de précision, il sera tourneur. Comme François Dilasser, mais étant d'origine d'origine parisienne, il "sèche" les cours le vendredi pour s'en aller à la découverte du musée du Louvre qu'il fréquentera assidûment 

    Au sortir de l'adolescence, il voulait être critique d'art. Mais c'est la rencontre avec le galeriste Jean Fournier (aucune parenté avec moi!), qui avait une petite maison proche de celle de ses parents qui l'encouragea dans l'idée qu'il pouvait devenir peintre. Pincemin est un peintre autodidacte qui se nourrit de toutes les tendances qui fleurissent dans les années 60.

     (Voir album Photos en marge du Blog)

    Premières expositions à partir de 1968.

    De 1968 à 1973, il se lance dans les "carrés collés" : la toile est plongée dans des bains de teinture, découpée et assemblée en figures géométriques irrégulières, carrées ou rectangulaires.

     

    Il cherche et trouve sa voie par de rigoureuses expérimentations, il ne faut pas oublier que c'est le début du minimalisme aux États-Unis, tandis qu'en France ce sont les prémices du groupe Supports-Surfaces auquel il participera à partir de 1971, mais qu'il quittera pour des raisons politiques. Claude Viallat, Acrylique sur bâche rayée, 2001..jpg

     

     

     

     

     

     

    Claude Viallat, Acrylique sur bâche rayée, 2001.

     

    Ce mouvement affirme la réalité physique du tableau, commencée par Matisse avec ses papiers découpés, poursuivie par la nouvelle abstraction aux Etats-Unis, et en France par Simon Hantaï ou Claude Viallat.

    Simon Hantaï Tabulas 1972.jpg                                           Simon Hantaï Tabulas 1972

    A la fin des années 1990, Pincemin avait décidé de "tout balayer et tout assimiler", mélangeant de plus en plus les genres, les styles, les supports, les techniques. Il a exécuté des sculptures polychromes à l'aide de morceaux de bois peint,

    Il s'était également mis à peindre des sujets religieux, des scènes de genre et des portraits, car il aimait travailler par série pour pousser au plus loin les variations possibles sur un même thème. Il n'hésitait pas à revenir sur des séries après quelques années.

     

    Il a gardé l’esprit d’une ouverture à de nouveaux possibles de la peinture, l’esprit d’invention toujours en alerte. Il était devenu le spécialiste le plus aventureux des techniques dites mixtes. Pour cet artiste électique, la distinction entre figuratif et non figuratif n'avait ni sens, ni importance.

     







    Je ne peux que vous inviter à aller regarder le film (15') de Claude Mossessian dont voici le lien :

    https://vimeo.com/10520679

    Jean Pierre PINCEMIN

    Un film de Claude Mossessian
    © Claude Mossessian

    Ateliers
    Entretien réalisé par Gilles Tissot
    Eté 1991

    Version restaurée à l'occasion de la rétrospective Jean-Pierre PINCEMIN au Musée d'Art Moderne de Céret du 26 juin au 10 octobre 2010


     



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  • Les Îles Sanguinaires... le film

    Bonjour à tous.
     
    Prenez 6 minutes, guère plus, pour regarder ce film sur les Îles sanguinaires que Jacques Burtin a eu la gentillesse de monter. Imaginez-vous en Corse face à ces îles durant une journée de beau soleil...
     
    Voici le lien pour le visionner.        https://vimeo.com/144876600
     
    CONSEILS pour une lecture optimale du film :
     
    1. Mettre en PLEIN ECRAN en cliquant sur le symbole des quatre petites flèches en bas à droite de l'écran Vimeo;
    2. Le film est en HAUTE DEFINITION. S'il y a des interruptions de son ou d'image, c'est soit que votre ordinateur ne lit pas la haute définition, soit que votre débit Internet est (temporairement ou en permanence) trop faible. Il faut alors ôter l'option "Haute Définition" en cliquant sur les lettres "HD" (à côté des quatre petites flèches). Le film peut alors être vu en définition courante, moins bonne mais acceptable.
     
    Bon film.
    Dominique

  • Claude LAGOUTTE (1935-1990)

         &.jpgNé en 1935, à Rochefort-sur-Mer en Charente -Maritime, Claude Lagoutte est mort en 1990 à Paris. Entre ces deux dates, nous allons à la rencontre d'un artiste voyageur, d'un homme qui aimait marcher, d'un paysagiste infatigable et d'un globe-trotter amoureux de spiritualités.

         Il semble autodidacte. Quelques visites au Louvre, lorsqu'il vient voir sa tante Suzanne à Paris, agrémentent ses séjours dans les années 50.

         En 1953, il peint des paysages charentais, renonce à des études d'architecte et entre à l'Ecole du Service de Santé de la Marine de Bordeaux. Quatre années d'études lui permettent d'obtenir son diplôme de pharmacien.

         En 1958, il découvre les peintres Kandinsky et Klee. Premières peintures abstraites. La même année, il entre à l'Ecole d'Application du Service de Santé des Troupes Coloniales.

         Pendant près de vingt ans, jusqu'en 1977, il va ainsi parcourir le monde. En poste dans différents pays aux quatre coins de la planète... Laos, Afrique, Tunisie, Turquie... etc... etc... Il revient de temps en temps à Paris, où il se pose et peint avant de repartir.

        En 1969, il achète un "studio-atelier" dans le quartier de Montparnasse à Paris.

          En 1970, il se marie à Bordeaux avec Françoise, ils auront trois filles : Marie, Hélène et Louise.

         Au cours de ces séjours à l'étranger, il dessine et réalise ses carnets de voyage (véritables trésors d'observation et de maîtrise). Il engrange peu à peu tout "le matériel" qui lui servira pour ses futurs travaux.38.jpg

         

     

     

         En 1976, date importante, il opère dans son travail une rupture radicale et décisive : il délaisse le châssis du tableau pour une technique nouvelle, celle de papiers et de toiles découpées et cousues. L'année suivante, à 42 ans, il est admis à prendre sa retraite, le voilà désormais "libre de vivre à plein temps sa vocation de peintre".

     

     

     

     

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        Tantôt seul, tantôt accompagné de Françoise, il continue à voyager, loin : au Népal, au Cachemire, en Turquie, en Inde où il fera plusieurs séjours... ou dans des contrées plus proches : les Pyrénées, la Suisse, l'Angleterre...

         Dans les intervalles, il se pose, oserait-on dire, dans son nouvel "atelier-appartement" parisien (Bastille -1979), afin de travailler.Il peint beaucoup, il taille, il découpe et coud des mètres et des mètres de toiles. On est admiratif devant tant de créations. Claude Lagoutte participe à de très nombreuses expositions personnelles et collectives, tant en France qu'à l'étranger.

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         On sent que les dernières années de sa vie le rapproche d'une certaine quête spirituelle (peut-on le penser ?), elle se concrétisera au contact de religieux catholiques (dominicains, en particulier avec le Père Laval, op.), de bénédictins (Abbaye de Saint Wandrille) ou de moines de confession orthodoxe (Voyage à l'Athos en Grèce en 1988).

     

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         La fin approche. Malade, il entre en maison de repos sur le plateau d'Assy et meurt quelque temps après, le 18 juillet 1990, à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, à l'âge de 55 ans.

     

    Pourquoi j'aime particulièrement le travail de Claude Lagoutte ?

    J'ai eu l'occasion de rencontrer le travail de Claude Lagoutte tout à fait fortuitement, il y a cinq ans environ, lors d'une visite de la chapelle du couvent Saint-Jacques des Dominicains de la rue des Tanneries dans le XIIIe arrondissement de Paris. Vers la fin de sa vie, par amitié et en particulier celle qu'il vouait au Père Jacques Laval, Claude Lagoutte avait offert un devant d'autel (réalisé en 1986) que les religieux ont placé dans une chapelle latérale. Les tons, la matière, la texture, l'écriture, tout était réuni pour faire de ce travail un véritable choc pictural et émotionnel.

    Je voulais en savoir plus. N'ayant jamais entendu parler de cet artiste auparavant...

    De fil en aiguille et c'est le cas de le dire avec le travail de Claude Lagoutte, j'ai commencé à chercher sur internet. Les informations étaient particulièrement intéressantes. Mais je voulais passer du virtuel à des éléments plus concrets. J'ai donc acheté quelques livres et recueilli certains articles qui avaient été écrits sur lui, puis acquis les livres qu'il avait lui-même écrits sur ses récits de voyage.

     

    Celui qui m'a donné le plus d'informations est sans conteste le magnifique catalogue qui a été édité lors de l'exposition à Bordeaux en 2008. J'ai malheureusement manqué cette exposition pour laquelle j'aurais sans aucun doute fait le voyage.

    En 2013, une autre exposition sur Claude Lagoutte a lieu à la Galerie Convergences/ Galerie Intuiti dans le IVe arrondissement à Paris. Là encore, je me suis réveillé un peu tard...  Par chance, j'appelle cette galerie qui accepte un rendez-vous dans la semaine qui suit, puisque certaines œuvres étaient encore accrochées aux cimaises de la galerie. Il est toujours difficile de rendre compte d'une émotion que l'on a, lorsque l'on est en contact direct avec le tableau. On regarde et on se laisse imprégner par ce que l'on voit. Tout simplement. Nous avons été admirablement accueillis à tel point que, devant notre intérêt, le propriétaire de la galerie n'a pas hésité à nous emmener dans ses réserves et a ouvert un certain nombre de caisses dans lesquelles les œuvres étaient déjà entreposées pour un prochain voyage. Souvenir inoubliable. Il y a des moments de grâce dans la vie...

     

    Il y a deux mois, j'ai évoqué le travail de Julius Bissier. Cette peinture minutieuse, attentive, faite de transparence et d'un raffinement extrême. On retrouve chez Claude Lagoutte les mêmes qualités. Autre point commun : les toiles de Bissier avaient cette particularité d'être peintes à plat sur sa table, c'est à dire sans châssis et hors du chevalet. Ici, avec Claude Lagoutte, on va encore plus loin puisque la toile elle-même est découpée, puis recousue. A ce stade, on est proche de ces artistes du mouvement Supports/Surfaces. qui ont délaissé le châssis. Ils prennent à bras le corps la toile... (On en reparlera avec Pincemin le mois prochain.)

    Il y a aussi, je trouve, dans le travail de Claude Lagoutte une certaine spiritualité. Cette spiritualité ne l'écarte pas bien sûr d'une prise réelle sur la réalité. Elle ne désincarne pas son travail, bien au contraire. Je ne pense pas d'ailleurs que chez lui il mettait Dieu au centre. Vers la fin de sa vie, il aura une autre relation avec Lui. Ne lit-on pas dans un de ses écrits : « La perfection géométrique était le chemin de Dieu. Dans notre civilisation, la géométrie n'est plus l'image de Dieu. Est-ce le geste ? ». Claude Lagoutte, lui, participe à ce geste. Il est dans le geste qui fabrique sa toile.

    Autres œuvres : Comment ne pas être sensible à ces immenses rouleaux peints, travaillés jusque dans leurs fibres, cousus avec une patience infinie qui se déroulent sur des mètres et des mètres, qui finissent par ressembler aux manuscrits que les moines transportaient de monastères en abbayes et qui au fur et à mesure du voyage s'allongeaient suite aux informations ou aux recommandations que l'on ajoutaient. Ils cousaient les peaux les unes après les autres...

    Enfin, quel dessinateur ! Il n'avait pas besoin d'emporter un appareil de photos pour mitrailler à outrance ce qu'il voyait. De ses nombreux voyages il a rapporté des carnets de croquis qui sont absolument sublimes. Quel invitation à faire de même.

     

    Sa peinture est une écriture et c'est certainement cela, qui inconsciemment me marque le plus. « L'art est une relation flottante entre le signe et le sens. » « Dessiner l'écrit et écrire le dessin ». Ce sont chez lui des idées fortes qu'il a mises en action toute sa vie.