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Dominique FOURNIER

  • Les Tapisseries de La Chaise-Dieu : Une langue des signes...

    Le langage des mains dans les tapisseries de La Chaise-Dieu.

         La visite des tapisseries, récemment restaurées, à l'abbatiale de La Chaise-Dieu, que nous avons faite en juillet dernier fut pour moi une révélation ! En effet, j'ai été fasciné par le travail de ces artistes tapissiers restaurateurs. Nous pouvions enfin admirer ces nombreux personnages bibliques et leurs histoires, redécouverts en quelque sorte, grâce à la nouvelle présentation de la tenture.

        Après les avoir attentivement regardés, je trouvais un thème remarquable à approfondir : leurs mains, les mains de ces personnages.  Ces mains semblaient me parler, comme dans la langue des signes. Si le texte en latin inscrit dans les phylactères renvoyait aux scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui se déroulent sous nos yeux, pourquoi ne pas lire un autre texte, sous une forme plus symbolique, qui s'inscrirait dans les gestes et les mains de ces personnages.

         Sans prétention, quelques réflexions me sont venues devant la beauté de ces gestes simples qui parlaient déjà aux moines du XVIe siècle, ainsi, par cette remarquable restauration, cette méditation biblique continue de traverser les siècles.

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  • Ciels de Paris... Ciels de Philippe Jaccottet...

     

         C'est une rencontre improbable que j'ai voulu réaliser. Partageons ensemble cette note comme un cadeau de fin d'année et le début d'une autre.

         J'ai une admiration tout particulière depuis longtemps pour l'écriture de Philippe Jaccottet (1925-2021), que ce soit ses textes en prose ou sa poésie. C'est vrai, j'aime lire et relire cette écriture que je savoure, sa finesse, sa fluidité, ses images et ses rêveries. Tout me parle. Tout y est simple. Tout y est beau. La campagne, la nature, son écoute de la musique et son regard sur la peinture (Morandi, en particulier) déroulent leurs mots au fil des pages, des mois et des saisons, et de ces recueils qu'il titre "La Semaison".  

         D'autre part, une autre gourmandise, visuelle celle-ci, est celle que nous offre souvent le ciel depuis que nous habitons ce dernier étage. Oserions-nous dire que nous allons jusqu'à tutoyer les nuages ? Certains matins et certains soirs, le soleil nous offre -sans prévenir, bien sûr- des décors, dignes des plus beaux spectacles. Certes, il faut être réactif, et nous le sommes, quand le rouge de l'horizon n'est pas encore à son paroxysme et que quelques minutes plus tard, il bascule dans un rose déjà délavé. L'appareil photo est prêt. Appuyer et cadrer au bon moment reste tout un art. Je pense au forgeron devant sa forge rugissante, tournant et retournant sa pièce de fer sous la braise, or lui seul sait le moment précis où il la faudra retirer du feu pour la frapper à bon escient. Question d'œil, dira l'artiste ! Question d'expérience, soufflera l'ancien ! 

    La rencontre improbable, c'était de mettre, d'oser mettre en dialogue, ces textes et ces photos. J'ai glané les premiers dans le volume de La Pléiade qui m'accompagne depuis des années. De l'autre, un choix de photos du lever et du coucher du Soleil, prises au cours de ces derniers mois. Je ne sais si comme au temps du Roi-Soleil, il s'agit du petit ou du grand lever, mais pour nous il s'agit toujours d'un émerveillement sans borne devant ce que la nature peut nous offrir de plus beau dans le ciel de Paris.

    C'est aussi une invitation à découvrir et à lire les pages de ce magnifique poète si vous ne le connaissiez pas encore.

     

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  • Willy ANTHOONS - L'esprit de la matière

         

     

        Le Mill est un magnifique musée situé au centre de La Louvière, ville à une heure au sud de Bruxelles. Or il y a 75 ans, Willy Anthoons et son contemporain Idel Ianchelevici partageaient déjà ces salles pour leur première exposition, c'était en 1946.

         2023 les voit à nouveau réunis pour le temps de cette magnifique rétrospective.

     

    Ces quelques mots du conservateur du Mill, Benoît Goffin, en introduction :

         "Une rétrospective du sculpteur Willy Anthoons est un choix en apparence étonnant. Les raisons d'exposer cet artiste sont multiples. La première d'entre elles est de renouer avec la sculpture, une discipline chère à notre musée (...). La seconde est de donner l'occasion au public de découvrir un artiste relégué par l'histoire de l'art (...). La troisième, d'ordre plus symbolique, est de poursuivre le dialogue entre Willy Anthoons et son contemporain Idel Ianchelevici qui reste plus fidèle à la figure humaine.

         Anthoons est alors le représentant d'une non-figuration d'essence organique, où semble régner l'esprit de la matière."

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  • Quelques échos sur l'exposition de Saint-Fargeau.

         Saint-Fargeau, dans l'Yonne. Son château et ses animations historiques... Certes, mais pas uniquement !

     

          En effet, les 21, 22 et 23 octobre derniers, j'avais la joie d'y exposer une trentaine de travaux, dans une magnifique salle, à l’invitation de l’Institut Éric Le Blanche et d’une amie de l’Institut. L’Institut ayant pour esprit et vocation de faire découvrir l'œuvre de ce peintre vendéen encore méconnu veille également à mettre en valeur l’œuvre d’artistes contemporains.

     

          Ces trois grandes après-midis auront été un moment inoubliable pour certains, un temps d'émerveillement pour d'autres et de réjouissances pour tous.

          Chaque après-midi du vendredi, du samedi et du dimanche était partagée en deux temps : un temps de présentation des œuvres, que je faisais avec un peu de « timidité », suivi d'un échange avec les visiteurs. Puis dans un second temps, le concert de kora, harpe sénégalaise à 21 cordes, donné par Jacques Burtin. Celui-ci avait pris soin de choisir quelques morceaux de sa composition qui résumaient à la fois notre amitié et le souvenir qu'un jour il fut mon élève. Ce qui m'a beaucoup touché. Quelques agapes permettaient de clôturer admirablement ces moments de grande convivialité, tout en permettant de poursuivre l’échange entre le public et les artistes.

     

          Jacques Burtin a eu la gentillesse de prendre un certain nombre de photos. Elles donneront à ceux et celles d’entre vous qui ont pu assister à cette rencontre d’en garder le souvenir ; elles permettront aux autres de découvrir cet accrochage rare dans un lieu exceptionnel.

     

          Pour la première fois, étaient exposés ensemble les huit cartons représentant les huit mouvements du Quatuor pour la fin du Temps d'Olivier Messiaen. Une musique graphique se jouait alors sous nos yeux, quant à la porte du fond de la salle, elle offrait avec ce décor d'arbre une ponctuation de couleur.

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         Les mouvements 1 à 6                                                   

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            Les mouvements 4 à 7...

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           Les mouvements 6 à 8.                                                                   

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         Cette grande salle accueillait des travaux plus anciens. Ainsi, en écho à la musique d'O. Messiaen, quelques "variations Dominique", transcriptions des Variations Goldberg de J.-S. Bach, les dernières qui me restaient, retrouvaient les cimaises pour mon plus grand plaisir.  Elles me rappelaient qu'il y a une trentaine d'années, elles furent un premier "chantier" d'aventures extraordinaires.

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    Variations 15, 21, 19.                                                                                                                                  

    Variations 8, 24.                                                                                    

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        La Variation 16 invite à la joie, c'est elle qui à l'honneur d'ouvrir la seconde partie des Variations Goldberg. Elle se voit, ici, déclinée sous différentes couleurs. (peinture acrylique-format 133cm x 90cm).

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         Nous avons eu aussi la chance de visionner sur le grand écran d'une télévision quelques extraits du film DVD "Les Variations Dominique", tourné par Jean Paul Cayeux et son équipe en 1994.

     

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        Les arbres, quant à eux, n'étaient pas oubliés... Ils restent un sujet de prédilection pour ma méditation créative. Sur votre ouvroir remettez sans cesse votre ouvrage !

          La série des quatre saisons s'inspiraient des "jardins" peints en 1996, dont deux grandes acryliques (200cm x 42cm) étaient présentes. (Reprise des premiers petits dessins qui datent de 1992)

     

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    1992                                                  1996                                       2022

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    Photo : DF

     

          Sur la fenêtre en demi-lune on pouvait admirer "L'étoile refermée du silence", en bronze, (reprise en trois dimensions d'un collage réalisé quelques années auparavant).

    "Nous charrions un interminable début,

    L'étoile refermée du silence."

                                    D'après le poème d'E. Dall'Aglio.

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        Photo : DF

         Le poème de Rabindranath Tagore jouait avec les caractères cunéiformes du Code d'Hammurabi  et  devenait pour quelques heures ensoleillées un vitrail resplendissant dans la fenêtre opposée :

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    "Salut à toi

    Lumière du petit matin

    Soleil du jour sans fin,

    Instant d'éternité.

    L'homme dont l'espoir ne meurt jamais te salue."

     

     

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        La forêt vierge (130cm x 128cm) pouvait étaler largement ses feuilles et ses décors sur l'ensemble du mur                                                                                                                                                                                                                                                                                                        

     

         Parmi mes derniers travaux, tous avaient fait le voyage !

    On pouvait admirer : "La chute d'Icare" (Hommage à Fr. Dilasser) (125cm x 108cm)

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    "L'hommage à Toumani Diabaté" (Koraïste Malien)  (99cm x 113cm)

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        Et enfin, le travail présenté cette année au salon des Artistes du XVème arrondissement.

    "Pour remercier la neige au matin."    2022    (126cm x 70cm)

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       Nous avions disposé sur une table quelques livres et plaquettes de poèmes illustrés, ainsi que l'histoire de la naissance des cartons.

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        Je laisse, à présent, à l'œil du photographe le plaisir d'offrir un panoramique sur les premiers cartons qui ont recueilli un certain succès.

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    Toutes les photos ont été prises par Jacques Burtin, exceptées celles indiquées DF

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  • Arbres... À fleur de sève...

        

    Travailler et travailler encore.

        Il y a toujours à découvrir...

        Ces petits dessins, dont les originaux ne sont guère plus grands qu'un timbre poste, furent réalisés il a une trentaine d'années. Au cours de ces trois derniers mois, je les ai extraits de leur enveloppe dans laquelle ils dormaient depuis deux décennies pour leur redonner une nouvelle vie.

     

        Ils avaient été les esquisses d'une plaquette "À fleur de sève", que j'avais réalisée à compte d'auteur en 1992, mais aussi de quelques toiles, (malheureusement volées par une galériste indélicate lors de mon exposition à Rouen en 1999).

     

        J'ai toujours été attiré par les arbres,  par ces troncs et ces ramures, intrigué devrais-je plutôt dire ; On se plait à les voir comme des traits d'union entre le ciel et la terre. C'est vrai, mais ils sont tous si différents, même au sein d'une même famille. Un érable ne ressemble pas à un autre érable, ni un chêne à un autre chêne : question de terres et de lieux, question de vent aussi...

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     Je les aime dans la richesse de leurs diversités et la lumière de toutes les saisons.

     

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              Arbre au jardin - 1996 - craie noire et blanche sur carton  0,15 x 0,45

     

    Où fut l'arbre

    Je suis le chemin

     

    Où bruissent les feuilles

    Je suis le silence

     

    Où dorment les racines

    Mes yeux sont ouverts

     

    Je médite

    Entre songe et veille

    L'arcane des saisons.

     

    Arbres, soyez        Textes de Anne GOYEN

     

     

        Les poètes n'ont pas manqué de rendre hommage à ces arbres, que ce soit en vers ou en prose... et là, je pense à Hugo, à Rimbaud, à Prévert (Arbres), à Malrieu, à Jaccottet (La Semaison) et à tant d'autres...

       

        Dernièrement, j'ai découvert un petit livre de Anne Goyen aux éditions Ad solem, au titre évocateur : "Arbres, soyez".

        En quatrième de couverture, on peut lire : "Comme un poème vertical, les arbres nous apprennent à "vivre debout" dans la patience du temps. Du plus haut au plus profond, l'arbre est comme l'intime échelle de Jacob où la danse des anges relie en songe Terre et Ciel."

       

        Je me suis appuyé sur certains de ses textes et d'autres de Philippe Jaccottet, comme on s'appuie contre un tronc noueux et solide, pour essayer de mettre en résonnance la beauté des mots de ces poèmes et mon attention intérieure à la vie des saisons, chercher à faire jaillir du nouveau de l'ancien, et vivre un moment privilégié de re-création. 

     

    DSC02935.JPG                                                 Printemps,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    De cime en cime

    Chants d'oiseaux

    Bruissements de feuilles

     

    Pérenne louange

    À la lumière

    Dessous l'écorce

     

    Feuilles d'allégresse

    À l'orée du jour

    Chuchotent sous la brise

    Les simples secrets du ciel.

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

    Au-dessus du paysage familier, presque su par cœur, cet espace soudain inconnu, ce ciel du Greco. Il ne s'agit pourtant que de quelques vapeurs au-delà desquelles toute la géométrie orfévrée est intacte, de nœuds noués par des vents, du souffle agité des forêts et de la terre au printemps, de torchons humides.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1954-1967 - mars.

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                                                                                                                            Été,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Racinant loin

    Par les pieds

    Dans notre histoire ténébreuse

     

    Et par la tête

    Nous risquant

    Au delà des nuages

     

    Vers un monde invisible

    Et qui nous touche

    de toutes parts

     

    Nous habitons

    L'ombre d'un cœur

    Qui bat jusqu'aux étoiles.

     

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

    Et, bien que cette floraison ne fut guère plus durable que les autres, elle ne donnait au regard, au cœur, nulle impression de fragilité, de fugacité. Sous ces branches-là, dans cette ombre, il n'y avait pas de place pour la mélancolie.

    Philippe Jaccottet. Blason vert et blanc.

     

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    DSC02930.JPG                                                                                                                                     Automne,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Au carrefour

    Du ciel et de la terre

    Toi l'immobile

    Accueilles tous les vents

    Lointaines voix

    En ta voix solitaire

    Berceau bercé

    De tant de vagues

    Sommeil venu

    De tant de larmes

     

    Par delà jours et saisons

    Ramures

    Jusqu'où résonner

    De vives voix ?

     

    Le vent vous défeuille

    Qu'importe

    À l'abri des racines

    Bat votre cœur de terre.

     

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

     

     

    Les feuilles éparses dans le chant labouré, dans la terre labourée, en liasses qu'éparpille le vent du sud.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1980-1994 - novembre.

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                                                                                                                        Hiver,  Carton 0.54 x 0.65   2022

     

    Au bout de l'hiver

    L'arbre sans nom

    Nous regarde

    Tout hérissé

    de bourgeons

     

    Entre ses branches

    Le ciel bleuit

    Grand poisson lumineux

    A demi délivré

    De la nasse

     

    L'air s'aiguise

    Et luit

    Cristal maclé

    De l'aube

    L'arbre sans nom

    Nous regarde

    Hérissé de bourgeons.

    Anne Goyen - Arbres, soyez    2013

     

     

     

    Neige. La neige d'ici, qui vole et ne se pose pas, qui semblerait plutôt monter. Qui rend l'enfance. Heureuse. Pareille aux vols des moucherons en été, qui cèdent au vent. Nuages.

    Philippe Jaccottet. La Semaison 1968-1979 - octobre.

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