Un dimanche à la campagne, et quelle campagne ! Quel privilège de mettre ses pas dans ceux de Vincent Van Gogh, l'espace d'une journée, découvrir les sujets de ses dernières toiles, église et champs, maisons et jardins et tant d'autres lieux encore !
Choisissez votre saison, puisqu'entre le samedi 2 avril et le mardi 1 novembre 2017. En effet, un magnifique train très design et coloré est prévu pour vous conduire directement à Auvers-sur-Oise. De plus, il est sans supplément avec la carte Navigo...!
Vous prenez le train à la gare du Nord aux alentours de 9 heures 30 (il faut vérifier l'heure qui est succeptible de changements) et retour prévu en fin d'après midi avec celui de 18 heures 30 en gare d'Auvers sur Oise.
En route...
En une grande demie-heure, de la bruyante gare du Nord, vous êtes transporté dans la verdure de cette région magnifique du Vexin qui a inspiré tant et tant de peintres impressionnistes.
Van Gogh a passé la dernière partie de sa vie à Auvers sur Oise, de mi-mai à juillet 1890. Deux mois et demi d'intense production picturale qui malheureusement se termineront par un drame : Une tentative de suicide par arme à feu le 27 juillet et sa mort le 29 juillet.
Cette période auversoise révèle la maturité picturale de Vincent, et nous nous offre ses plus beaux chefs-d'oeuvre.
Cette page est une invitation au voyage, nous n'avons pas l'intention de vous raconter sa vie. Par contre, il nous semble très enrichissant de lire une biographie, même courte, mais surtout de l'accompagner d'une lecture des lettres partagées avec son frère Théo. Les deux frères ont toujours été très liés, ce que révèle jusqu'à l'intime ces centaines de lettres. Dès lors, se déconstruit peu à peu le personnage mythique que l'on a voulu nous présenter ces dernières années. Non, il n'était pas pauvre. Non, il a bien vendu des toiles, peu, certes mais plus d'une seule comme on se plaisait à le raconter. Non, il n'était pas asocial. Non, ce n'était pas un inconnu à sa mort...
Il faut avouer néanmoins, qu'aidée par l'alcool et d'autres excès, une vie peu équilibrée et enracinée dans un terreau génétique familial fragile, comme était le sien, risquait à tout moment de déraper. Ce qui n'a pas manqué de se produire ce fameux mois de juillet.
Un conseil, allez acheter les lettres, elles existent aux éditions Gallimard, Lettres à son frère Théo dans la collection l'imaginaire pour un petit peu plus de 10 euros.
À la descente du train, vous avez deux possibilités.
1)Vous rendre à l'office du tourisme qui se trouve sur votre gauche, en traversant la grand-rue, et aller demander un plan de la ville sur lequel sont indiqués les principaux lieux de mémoire et de promenades.
2) Ou partir sur votre droite et de l'autre côté de cette rue passagère, rue François-Mitterrand, vous apercevrez, face à vous, peut-être cachée dans les arbres, l'église Notre Dame de l'Assomption. Longez son chevet, et arrêtez-vous quelques instants pour l'admirer en pensant au chef-d'oeuvre peint par Vincent. Profitez de l'éclairage matinal car le soleil donne à plein sur le chevet de l'église. Une belle reproduction placée, en regard, permet de comparer le tableau à la réalité. (N'oubliez pas, non plus, d'aller voir l'original au musée d'Orsay dans les jours suivants...)
De là, filez, par l'avenue du cimetière, jusqu'au dit "cimetière". Au passage, avant d'entrer, vous lirez sur le mur d'enclos, l'admirable texte prononcé par E. Bernard, le jour des obsèques de Vincent. Quant à Théo, le frère de Vincent, mort quelques mois plus tard de la syphilis et non de chagrin, il repose, lui aussi au côté de son frère, sous cet épais édredon de feuilles de lierres. Unis dans la vie, ils le sont à présent dans leur repos éternel grâce à Jo Bonger, belle-soeur de Vincent qui a souhaité qu'il soient ainsi réunis en 1914. Elle a ensuite oeuvré tout le reste de sa vie pour faire mieux connaître la peinture de Vincent après la mort de Théo.
En quittant le cimetière, prendre la sente du Montier qui vous fera traverser les champs et au premier carrefour vous découvrirez le champ qui a pu servir de motif à la célèbre peinture : Les champs aux corbeaux
Continuez jusqu'à la rue Daubigny. Visite possible de l'atelier Daubigny, décoré par Corot et Daumier. En deux mots. Charles-François Daubigny, faisait partie du groupe des peintres de l'École de Barbizon. On le présente comme un précurseur de l'impressionnisme. Il n'a pas connu Van Gogh, puisqu'il est mort douze ans plus tôt. Lieu privé, mais ouvert à la visite.
Ensuite, visite du Musée Daubigny, qui était la maison de Charles François Daubigny, puis de son fils Karl. Si la maison et son jardin ont beaucoup de charme, on reste plus dubitatif sur les expositions présentées. Il faut aimer cette peinture un peu sombre de marines ou de forêts que le XIXéme appréciait tant.
A cette heure de la journée, vous pouvez déjà penser au déjeuner... Soit un bon pique-nique préparé à l'avance que vous prendrez en bordure d'un champ ou à l'ombre de quelques arbres, soit vous rapprocher du centre pour un déjeuner dans un des petits restaurants d'Auvers. Le luxe serait de prendre votre repas à l'auberge Ravoux, auberge où Van Gogh avait son couvert et son coucher. ( Les prix ont un peu évolué autant le savoir à l'avance !) Je crois aussi qu'il vaut mieux réserver. (01 30 36 60 60 ou réservation internet), car le lieu est très prisé... par les japonnais.
Si vous ne déjeunez pas à l'auberge Ravoux, rien ne vous empêche bien au contraire de passer derrière le restaurant afin de visiter la chambre n°5 qu'habitait Vincent. Il payait 3,5 francs de loyer mensuel pour cette petite mansarde de quelques mètres carrés. C'est là qu'il vécut durant ses deux mois. Une chaise, un placard, une malheureuse vitrine vide, dans l'attente d'un hypothétique tableau, mais qui a pourtant vu entreposer tant de chefs-d'oeuvre. Voilà cette humble crèche où se passa son agonie, et que l'on appela par la suite "la chambre du suicidé". Elle ne fut jamais relouée. Toute l'atmosphère a été préservée. Il faut avoir la chance d'y passer quelques minutes en solitude pour s'imprégner encore davantage de la chance que l'on a : S'imaginer entendre Vincent monter cet escalier de bois, de retour d'un après midi ensoleillé, chargé de son chevalet et des toiles qu'il a peintes. Dans la pièce, à coté, est proposé un documentaire très intéressant sur sa vie à Auvers.
Une demie heure suffit. Le cycle des rotations des visites est d'ailleurs fixé à une demie heure, car il peut y avoir un peu de monde. La boutique attenante offre un choix judicieux de livres et de cartes sur le sujet. (Par contre on peut oublier tous les produits dérivés... Pauvre Vincent !) Pour l'anecdote, on trouvera acheter des torchons en grosse toile et bandes rouges estampillés "Ravoux" en souvenir de ceux qu'utilisaient Van Gogh lorsqu'il n'avait plus de toiles à peindre...
À présent, reprenons notre chemin à pied par la départementale 928, un peu passagère, avant de tourner rue Victor Hugo qui deviendra une centaine de mètres plus loin la rue Gachet.
La rue Gachet, du nom du Docteur Gachet, le fameux docteur qui accueillit Vincent à Auvers sur les recommandations de Pissaro, vous conduit jusqu'à sa maison. La visite de la maison est des plus sympathiques, une jolie maison magnifiquement aménagée qui chante la province. Petites pièces, transformées en lieu d'exposition, car le docteur n'était pas seulement médecin, mais sa proximité avec les artistes-peintres de son temps, lui avait donné le goût de peindre et surtout de graver. (Gratuité de la visite)
Le jardin est un lieu de repos appréciable surtout après une bonne marche, comme celle que vous avez dû faire pour venir jusque là. La végétation luxuriante du lieu est dans un abandon très organisé qui ne doit pas être loin de ce qu'a connu Van Gogh lorsqu'il venait voir son cher docteur.
Retour par le même chemin, lorsque vous arriverez au carrefour avec la D928 prendre tout droit (la rue Lery) en direction du Château d'Auvers (actuellement fermé pour cause de réfection), avancez sur cent mètres et tournez à gauche rue Alphonse Callé. Vous trouverez là un petit musée sur l'absinthe. Sa propriétaire collectionne depuis plus de trente ans tout ce qui touche de près ou de loin à "la muse des poètes" ou la "fée verte". Une visite libre des plus intéressantes (5 €), compter un peu plus pour une dégustation possible d'absinthe, attention 72%... c'est fort !
https://www.musee-absinthe.com/lemusee.htm
En repartant, en direction de la gare, vous pouvez faire une courte halte pour visiter l'intérieur de l'église, lieu d'un festival de musique très couru des parisiens. Vous aurez ensuite tout le temps de regagner tranquillement la gare pour prendre votre train qui vous ramenera à la gare du Nord.
Nous signalons, au passage, un marchand de livres d'occasion, situé dans un ancien entrepôt de la gare qui propose des milliers et des milliers de livres à la vente. La bien nommée boutique s'appelle : La caverne aux livres. Elle vaut le détour.
Nous espérons vous avoir proposé une bonne promenade. Depuis quelques années, les organismes culturels mettent tout en oeuvre pour réhabiliter ces lieux de mémoires. On apprécie les indications, discrètes et précises, qui ne manquent pas, ainsi que les nombreux circuits et visites fléchés proposés aux touristes. (N'oubliez pas l'office du tourisme)
Choisissez une belle journée, tout en sachant que sous tous les cieux et en toutes saisons cette région est belle. Nous, nous y sommes allés au printemps, quand les lilas du jardin du docteur Gachet étaient en fleurs, sans parler de ses sublimes massifs d'iris...
Mais nous n'avons qu'une envie : voir les champs de blé et les vols de corbeaux au mois de juillet !
"N’est ce pas l’émotion, la sincérité du sentiment de la nature qui nous mène, et si ces émotions sont quelquefois si fortes qu’on travaille sans sentir qu’on travaille, lorsque quelquefois les touches viennent avec une suite et des rapports entre eux comme les mots dans un discours ou dans une lettre, il faut alors se souvenir que cela n’a pas toujours été ainsi, et que dans l’avenir il y aura aussi bien des jours lourds sans inspiration.
Donc il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et mettre les barres forgées de côté." lettre à Théo Juin 1888