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Bonjour à tous.Prenez 6 minutes, guère plus, pour regarder ce film sur les Îles sanguinaires que Jacques Burtin a eu la gentillesse de monter. Imaginez-vous en Corse face à ces îles durant une journée de beau soleil...Voici le lien pour le visionner. https://vimeo.com/144876600
CONSEILS pour une lecture optimale du film :1. Mettre en PLEIN ECRAN en cliquant sur le symbole des quatre petites flèches en bas à droite de l'écran Vimeo;2. Le film est en HAUTE DEFINITION. S'il y a des interruptions de son ou d'image, c'est soit que votre ordinateur ne lit pas la haute définition, soit que votre débit Internet est (temporairement ou en permanence) trop faible. Il faut alors ôter l'option "Haute Définition" en cliquant sur les lettres "HD" (à côté des quatre petites flèches). Le film peut alors être vu en définition courante, moins bonne mais acceptable.Bon film.Dominique -
Claude LAGOUTTE (1935-1990)
Né en 1935, à Rochefort-sur-Mer en Charente -Maritime, Claude Lagoutte est mort en 1990 à Paris. Entre ces deux dates, nous allons à la rencontre d'un artiste voyageur, d'un homme qui aimait marcher, d'un paysagiste infatigable et d'un globe-trotter amoureux de spiritualités.
Il semble autodidacte. Quelques visites au Louvre, lorsqu'il vient voir sa tante Suzanne à Paris, agrémentent ses séjours dans les années 50.
En 1953, il peint des paysages charentais, renonce à des études d'architecte et entre à l'Ecole du Service de Santé de la Marine de Bordeaux. Quatre années d'études lui permettent d'obtenir son diplôme de pharmacien.
En 1958, il découvre les peintres Kandinsky et Klee. Premières peintures abstraites. La même année, il entre à l'Ecole d'Application du Service de Santé des Troupes Coloniales.
Pendant près de vingt ans, jusqu'en 1977, il va ainsi parcourir le monde. En poste dans différents pays aux quatre coins de la planète... Laos, Afrique, Tunisie, Turquie... etc... etc... Il revient de temps en temps à Paris, où il se pose et peint avant de repartir.
En 1969, il achète un "studio-atelier" dans le quartier de Montparnasse à Paris.
En 1970, il se marie à Bordeaux avec Françoise, ils auront trois filles : Marie, Hélène et Louise.
Au cours de ces séjours à l'étranger, il dessine et réalise ses carnets de voyage (véritables trésors d'observation et de maîtrise). Il engrange peu à peu tout "le matériel" qui lui servira pour ses futurs travaux.
En 1976, date importante, il opère dans son travail une rupture radicale et décisive : il délaisse le châssis du tableau pour une technique nouvelle, celle de papiers et de toiles découpées et cousues. L'année suivante, à 42 ans, il est admis à prendre sa retraite, le voilà désormais "libre de vivre à plein temps sa vocation de peintre".
Tantôt seul, tantôt accompagné de Françoise, il continue à voyager, loin : au Népal, au Cachemire, en Turquie, en Inde où il fera plusieurs séjours... ou dans des contrées plus proches : les Pyrénées, la Suisse, l'Angleterre...
Dans les intervalles, il se pose, oserait-on dire, dans son nouvel "atelier-appartement" parisien (Bastille -1979), afin de travailler.Il peint beaucoup, il taille, il découpe et coud des mètres et des mètres de toiles. On est admiratif devant tant de créations. Claude Lagoutte participe à de très nombreuses expositions personnelles et collectives, tant en France qu'à l'étranger.
On sent que les dernières années de sa vie le rapproche d'une certaine quête spirituelle (peut-on le penser ?), elle se concrétisera au contact de religieux catholiques (dominicains, en particulier avec le Père Laval, op.), de bénédictins (Abbaye de Saint Wandrille) ou de moines de confession orthodoxe (Voyage à l'Athos en Grèce en 1988).
La fin approche. Malade, il entre en maison de repos sur le plateau d'Assy et meurt quelque temps après, le 18 juillet 1990, à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, à l'âge de 55 ans.
Pourquoi j'aime particulièrement le travail de Claude Lagoutte ?
J'ai eu l'occasion de rencontrer le travail de Claude Lagoutte tout à fait fortuitement, il y a cinq ans environ, lors d'une visite de la chapelle du couvent Saint-Jacques des Dominicains de la rue des Tanneries dans le XIIIe arrondissement de Paris. Vers la fin de sa vie, par amitié et en particulier celle qu'il vouait au Père Jacques Laval, Claude Lagoutte avait offert un devant d'autel (réalisé en 1986) que les religieux ont placé dans une chapelle latérale. Les tons, la matière, la texture, l'écriture, tout était réuni pour faire de ce travail un véritable choc pictural et émotionnel.
Je voulais en savoir plus. N'ayant jamais entendu parler de cet artiste auparavant...
De fil en aiguille et c'est le cas de le dire avec le travail de Claude Lagoutte, j'ai commencé à chercher sur internet. Les informations étaient particulièrement intéressantes. Mais je voulais passer du virtuel à des éléments plus concrets. J'ai donc acheté quelques livres et recueilli certains articles qui avaient été écrits sur lui, puis acquis les livres qu'il avait lui-même écrits sur ses récits de voyage.
Celui qui m'a donné le plus d'informations est sans conteste le magnifique catalogue qui a été édité lors de l'exposition à Bordeaux en 2008. J'ai malheureusement manqué cette exposition pour laquelle j'aurais sans aucun doute fait le voyage.
En 2013, une autre exposition sur Claude Lagoutte a lieu à la Galerie Convergences/ Galerie Intuiti dans le IVe arrondissement à Paris. Là encore, je me suis réveillé un peu tard... Par chance, j'appelle cette galerie qui accepte un rendez-vous dans la semaine qui suit, puisque certaines œuvres étaient encore accrochées aux cimaises de la galerie. Il est toujours difficile de rendre compte d'une émotion que l'on a, lorsque l'on est en contact direct avec le tableau. On regarde et on se laisse imprégner par ce que l'on voit. Tout simplement. Nous avons été admirablement accueillis à tel point que, devant notre intérêt, le propriétaire de la galerie n'a pas hésité à nous emmener dans ses réserves et a ouvert un certain nombre de caisses dans lesquelles les œuvres étaient déjà entreposées pour un prochain voyage. Souvenir inoubliable. Il y a des moments de grâce dans la vie...
Il y a deux mois, j'ai évoqué le travail de Julius Bissier. Cette peinture minutieuse, attentive, faite de transparence et d'un raffinement extrême. On retrouve chez Claude Lagoutte les mêmes qualités. Autre point commun : les toiles de Bissier avaient cette particularité d'être peintes à plat sur sa table, c'est à dire sans châssis et hors du chevalet. Ici, avec Claude Lagoutte, on va encore plus loin puisque la toile elle-même est découpée, puis recousue. A ce stade, on est proche de ces artistes du mouvement Supports/Surfaces. qui ont délaissé le châssis. Ils prennent à bras le corps la toile... (On en reparlera avec Pincemin le mois prochain.)
Il y a aussi, je trouve, dans le travail de Claude Lagoutte une certaine spiritualité. Cette spiritualité ne l'écarte pas bien sûr d'une prise réelle sur la réalité. Elle ne désincarne pas son travail, bien au contraire. Je ne pense pas d'ailleurs que chez lui il mettait Dieu au centre. Vers la fin de sa vie, il aura une autre relation avec Lui. Ne lit-on pas dans un de ses écrits : « La perfection géométrique était le chemin de Dieu. Dans notre civilisation, la géométrie n'est plus l'image de Dieu. Est-ce le geste ? ». Claude Lagoutte, lui, participe à ce geste. Il est dans le geste qui fabrique sa toile.
Autres œuvres : Comment ne pas être sensible à ces immenses rouleaux peints, travaillés jusque dans leurs fibres, cousus avec une patience infinie qui se déroulent sur des mètres et des mètres, qui finissent par ressembler aux manuscrits que les moines transportaient de monastères en abbayes et qui au fur et à mesure du voyage s'allongeaient suite aux informations ou aux recommandations que l'on ajoutaient. Ils cousaient les peaux les unes après les autres...
Enfin, quel dessinateur ! Il n'avait pas besoin d'emporter un appareil de photos pour mitrailler à outrance ce qu'il voyait. De ses nombreux voyages il a rapporté des carnets de croquis qui sont absolument sublimes. Quel invitation à faire de même.
Sa peinture est une écriture et c'est certainement cela, qui inconsciemment me marque le plus. « L'art est une relation flottante entre le signe et le sens. » « Dessiner l'écrit et écrire le dessin ». Ce sont chez lui des idées fortes qu'il a mises en action toute sa vie.